7.5/10Le Code d'Hammourabi - Tome 1 - D'entre les morts

/ Critique - écrit par athanagor, le 09/06/2008
Notre verdict : 7.5/10 - 1234... comme pour ses valises (Fiche technique)

Ethan Jennings, jeune policier de la ville de New-York, est actuellement sous le coup d'une suspension, suite à une interpellation musclée où il a jugé bon de faire justice lui-même. Ça déjà, c'est lourd, mais en plus sa nana veut le quitter. Pourtant sa réintégration devra survenir. Le nouveau serial killer, fraîchement élu à New-York, tient absolument à ce que ce soit Ethan qui enquête sur ses crimes. Et pour ce faire, il en fait son seul et unique interlocuteur au sein de la police. Etrange ?... Ouais un peu ! Mais ce n'est pas tout, il y a plus étrange : l'assassin pose sur le visage de ses victimes un bien curieux masque faisant référence au code d'Hammourabi. Fait de basalte, matière sur laquelle est gravé le code, et portant sur le front le signe de Shamash, Dieu solaire qui en inspira sa rédaction, l'intérieur en est gravé de certains passages. Ça, c'est pour le masque, mais attendez ! Le plus beau c'est que l'assassin prétend être Thomas Hans, taulard mort depuis deux ans.

Oui, en effet, le coup du flic fini, ramené dans ses fL'invasion des hommes-troncs
L'invasion des hommes-troncs
onctions par la volonté du tueur psychotique insaisissable du moment, c'est un peu du réchauffé. De même que l'ambiance un peu mystique qu'il est de bon ton de remettre régulièrement au goût du jour, mais toujours sous un angle original, quand il s'agit de serial killer. Mais aller chercher du côté de la Mésopotamie, c'est plutôt une bonne idée, qui est de plus bien amenée et bien présentée. Elle donne bien au personnage ce semblant de raison, cette justification nécessaire à l'accomplissement de son noir dessein, dans le genre « la Loi des hommes modernes est pourrie, je préfère celle d'avant. Ça me va mieux au teint et puis comme ça je peux tuer des gens ». En effet le code d'Hammourabi lance la grande mode de la loi du talion, ce qui est commode quand on veut se salir un peu les mains.

En plus du petit monde bien perso du serial killer et de son apparente invulnérabilité (parce qu'après tout il est déjà mort une fois), on trouve ce petit plus qui fait la différence d'avec les autres œuvres de fiction qui mettent en scène des tueurs et qui utilisent déjà ces artifices. Il s'agit de la mise en œuvre des crimes, et c'est bien là qu'il faut marquer sa différence et son originalité. L'assassinat de l'avocat sur le green de golf est une excellente trouvaille et la mise à mort du juge se délecte d'un sadisme qui n'ose dire son nom. L'intrigue et son développement, élaborés par Sylvain Cordurié, entraînent et intéressent donc sans avoir l'air d'y toucher. Souhaitons que le tome 2 ne laisse apparaître une trop grande légèreté sur l'utilisation faite de la référence archéologique et de sa mise en situation, de même qu'un emprunt par trop marqué à V pour Vendetta et Cape Fear.

En ce qui concerne le dessin, il est assez difficile d'émettre un avis. On navigue en Mais... t'as fumé !
Mais... t'as fumé !
permanence entre une impression d'échec total ou d'un foutage de gueule en règle, et une véritable immersion dans l'histoire, impulsée par le dynamisme qui en ressort. Pour le coup il s'agit encore d'un dessinateur espagnol, nombreux chez Soleil et rarement décevants, mais là on sent que Vicente Cifuentes, âgé de 28 ans, a encore un peu de chemin à faire, même s'il n'est plus très loin. Son dessin oscille d'une façon très étrange entre la recherche des détails et l'à peu près n'importe quoi, entre une grande maîtrise du trait et le coup de crayon d'un ado coincé pour deux heures de retenue à cause d'un devoir de math. Les proportions des corps, tout particulièrement, sont juste drôles, les visages et leurs expressions réussis 7 fois sur 10, alors qu'à l'inverse, certaines cases témoignent d'une maîtrise complète. Mais peut-être serait-il plus juste d'en attribuer le mérite aux couleurs d'Olivier Héban. Espérons pouvoir nous faire une idée plus précise sur le sujet dans le deuxième tome.