7.5/10Clifton - Tome 2 - Le voleur qui rit

/ Critique - écrit par athanagor, le 18/06/2008
Notre verdict : 7.5/10 - Drôle de crime (Fiche technique)

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Lors de ce premier opus à la charge de Turk & De Groot, c'est Greg qui fournira le scénario. Cette collaboration donne un résultat, encore aujourd'hui, savoureux.

Alors qu'il prend tranquillement son breakfast au Lumpofsugar & Son, Clifton apprend dans The Clarion dont il est un des derniers lecteurs, qu'un mystérieux personnage, se réclamant de la pègre londonienne, a pris contact avec un des journalistes du quotidien pour lui annoncer que lui "et ses potes" allaient cambrioler la bijouterie Worthless-Junk, le matin même à 10 heures. Intrigué par l'histoire, le colonel, sachant l'échoppe à proximité, décide de s'y rendre pour voir ce qu'il en est. Prêtant assez peu de crédit à tout ceci, les cambrioleurs annonçant rarement leurs méfaits, il trouve devant la bijouterie le constable Flatfoot, surveillant la boutique à la demande expresse du commerçant, les autorités policières portant aussi peu d'attention à l'affaire que Clifton. Pourtant à 10 heures pétantes, le larcin s'opère, façon "commando". S'en suivra une suite de rapines toutes aussi spectaculaires que le butin est ridicule, toutes annoncées à l'avance et ponctuées par le rire si particulier du chef de gang. Clifton, toujours présent sur les lieux, car décidé à arrêter les malfrats, finit par être soupçonné de complicité, mais n'en a cure hormis une légère perte de flegme, persuadé de l'incompétence de certains éléments de la police moderne. Deux questions le taraudent toutefois : pourquoi annoncer ses crimes et prendre autant de risques pour des butins si maigres ? Et surtout, pourquoi signer ces actions de ce rire si reconnaissable qu'il risque de devenir un danger pour les malfaiteurs ?

Couverture 1973
Couverture 1973
Deuxième numéro des aventures du colonel britannique le plus drôle après
Graham Chapman, dans les éditions commençant en 1978, et publié en même temps que Ce cher Wilkinson, cet album est en fait le premier Clifton de Turk & De Groot, paru en 1973. Déjà connus pour Robin Dubois, et grands admirateurs du travail de Macherot, les deux auteurs ont, pour cette reprise de flambeau, eu le souci de ne pas décevoir en proposant un scénario trop "alla Léonard" et firent donc appel au talent de Greg pour leur concocter une histoire aux petits oignons. On trouve également une seconde histoire, elle aussi scénarisée par Greg, qui remplit les dix dernières pages, baptisée Le mystère de la voix qui court, et qui remplit fort bien son office d'enquête sur fond de mystère à la hauteur du génial détective.

L'histoire du Voleur qui rit est une excellente combine, qui même si elle se laisse un peu voir par le lecteur découvrant l'album, tient son petit personnel en haleine jusqu'à la fin. Et comme d'habitude, on a la banane collée au visage grâce aux attitudes de tous ces sujets de Sa Majesté
, à la limite de la caricature. Attitude que Clifton a encore et toujours un mal de chien à conserver en toutes circonstances, malgré le fait qu'il se pique d'être un gentleman. On reconnaît surtout la patte de Greg dans les noms des personnages et des boutiques, le cinéma Blindpeople, la bijouterie Worthless-Junk, le tailleur Waight & See, le lieutenant Hardfeeling qui soupçonne Clifton et tant d'autres. Apparaissent aussi, bien que la paternité soit difficile à déterminer, entre les dessinateurs et le scénariste occasionnel, certaines tournures linguistiques des personnages, littéralement traduites de la langue anglaise, sans se soucier d'en modifier la grammaire. Cet élément deviendra une constante et une marque de fabrique.

Le dessin de Turk (& De Groot) est fidèle à ce qu'on lui connaît, digne représentant du style franco-belge. On se rend compte tout de même du talent des deux compères, qui arriveAssimil approved
Assimil approved
nt à proposer un découpage limpide de l'action et à faire évoluer la narration dans un système de cases de différentes tailles, sans l'assistance des petites flèches parfois nécessaires à la sauvegarde du sens de lecture. On constate également le dynamisme des postures et des attitudes, servi par les traits de mouvements qui soulignent les gestes des protagonistes, dont les BD plus sérieuses ont tendance à vouloir se départir, avec plus ou moins de bonheur et le plus souvent au détriment de la fluidité de l'action. Bref l'application du savoir-faire d'auteurs habitués à publier des sketches sur une page de magazine au service d'intrigues policières plus étalées, mélange qui permettra encore de bien bonnes aventures.

Donc, et pour conclure, une critique éminemment partiale de celui qui s'en charge pour rendre hommage à son personnage de BD préféré : à acquérir toutes affaires cessantes.