7/10Clifton - Tome 1 - Ce cher Wilkinson

/ Critique - écrit par athanagor, le 04/04/2008
Notre verdict : 7/10 - Second premier (Fiche technique)

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Le tome 1 des aventures du colonel Clifton paraît deux ans après le tome 7, Sir Jason. Heu... attends voir ! J'vérifie...

Paru en août 1978, Ce cher Wilkinson ouvre la tentative de mettre de l'ordre dans les aventures du colonel Clifton. Cet album constitue le premier tome d'une série qui en compte aujourd'hui plus de 20, et à laquelle seront intégrés des albums déjà parus en 1971. Ce drôle de procédé sera matière à de profonds questionnements métaphysiques pour le lecteur non averti. En effet et par exemple, Le voleur qui rit, tome 2 de la présente série, est un album déjà paru en 1973. Du coup, les dessins sont et font plus datés dans le tome 2 que dans le tome 1, car ce dernier est paru après l'autre. C'est clair non ?!Clifton brûle l'épreuve
Clifton brûle l'épreuve

La première apparition du personnage date de 1959, quand son papa, Raymond Macherot, imagina de lui donner vie dans le Journal de Tintin, avec Les enquêtes du colonel Clifton. Entre les deux albums, 6 autres aventures paraîtront de la main et de l'esprit de Macherot, bien sûr, mais également de Turk, Jo-El Azara, Greg ou De Groot.

Tranquillement installé au coin du feu avec les innombrables chats qui peuplent son intérieur, le colonel s'amuse d'une histoire de fantômes (selon lui des sornettes) qu'il est en train de lire avant de passer à table. Malgré les quelques remarques moqueuses que Clifton et Miss Partridge se renvoient, la soirée s'annonce paisible et agréable : il y a du goulasch à dîner ! Mais alors que le colonel passe à table, les éléments du repas semblent décidés à ne pas se laisser faire et glissent comme mus par une main invisible, pour aller finalement nourrir la moquette. Décidé à trouver l'explication rationnelle de ce phénomène que la Reine n'a certes pas autorisé, Clifton commence une petite enquête et finira par apprendre qu'en plus de sa vaisselle, ce sont quelques coffres-fort qui se sont envolés ces derniers temps à Londres.

Faisant écho à la toute première apparition de Clifton en 1959, où des coffres disparaissaient déjà mystérieusement dans Les enquêtes du colonel Clifton, ce tome 1 s'inscrit dans la lignée directe de ce qui a été fait avant (si vous venez de nous rejoindre, lisez le premier paragraphe). Le mélange intrigue policière/comédie prend toujours aussi bien, surtout quand la comédie est menée par les créateurs de Robin Dubois et Léonard. Certes, dans ces conditions, l'intrigue ne pousse pas très loin, l'utilisation des 48 planches se faisant principalement dans la satisfaction du but initial : se marrer un bon coup. Ainsi le suspense est dilué dans une foule de gags et l'histoire met bien dix pages à s'installer.

Toutefois on ne pourra passer à côté de toute la palette expressive que permet le personnage et que les auteurs ne se privent pas d'exploiter. Plongé dans des intrigues policières, le dessin s'autorise régulièrement des emprunts au style cinématographique, par le biais de cadrages qui auraient semblé curieux dans Robin Dubois. Ceci constitue d'ailleurs une des particularités de cette BD, nombre d'aventures étant inspirées du grand ou du petit écran. Laid visiteur du soir
Laid visiteur du soir
D'autre part, malgré le sérieux de la situation où se trouve le colonel, il n'est pas exclu qu'il se permette à l'occasion de regarder le lecteur, comme pour le prendre à témoin de l'incongruité de la situation ou du désespoir qu'elle lui inspire, à l'instar du disciple, la main coincée dans la dernière invention du maître.

Toute l'intrigue tient dans un laps de temps très court, car selon une récente estimation, basée sur une simulation effectuée au laboratoire de littérature comparé de Cambridge, le dénouement intervient environ 26 heures après le début de l'histoire. Mais d'une façon inexplicable, on ne s'en rend vraiment compte qu'à la veille de la retraite, mené que l'on est par l'enchaînement des scènes qui mêlent humour et progression narrative, et distillent la galerie de personnages sur un rythme suffisamment lent pour en faire des figures familières.

Au final, le dénouement, quoiqu'en avance sur son temps car scientifiquement impossible, même de nos jours, ne laisse toutefois pas l'impression de sortir d'un chapeau, malgré l'arrière-goût de facilité qu'il laisse en bouche. Mais, faut-il le préciser, lire Clifton, ce n'est pas lire un polar, c'est expérimenter une certaine façon de rire.