Cixi de Troy - Tome 1 - Le secret de Cixi

Cixi, jalouse de C'ian et de la relation qu'elle a avec Lanfeust, se sépare de la joyeuse clique 
et s'embarque sur un navire en direction d'Eckmül. Sur le trajet, le bateau est pris pour cible par une troupe de pirates pour le moins originale car entièrement féminine. Aveuglées par leur haine des hommes, elles pensent que Cixi, dans son accoutrement habituel, est en fait une esclave destinée aux prouesses horizontales. Sous la protection de ses nouvelles amies aux mœurs exclusives, elle apprendra à devenir experte dans le maniement de différentes armes et apprendra les charmes de la vie maritime. Pourtant, Cixi aspire toujours à la vie bourgeoise d'Eckmül. N'étant pas sûr que sa nouvelle famille la laisse si simplement partir, elle décide de leur fausser compagnie, en ne prenant alors même pas la peine de leur dire au revoir. Sa disparition et les circonstances dans lesquelles elle se produit inciteront les femmes-pirates à la croire complice des forces de l'ordre.

C'est un ouvrage assez peu encourageant auquel on est confronté ici. Nanti d'une histoire relativement peu intéressante, dont tous les rebondissements sentent un peu le réchauffé, on y trouve tout au plus que quelques blagues dans l'esprit de Lanfeust, dont la parcimonie ne laisse que plus facilement voir les creux qu'elles peuplent.
N'ayant véritablement pour soi, en guise d'originalité, qu'une exposition stylisée des différentes poses suggestives que sont capables de prendre les créatures guerrières, et l'accent mis sur l'érotisme saphique qui suinte de leur quotidien, cet ouvrage ne fait rien d'autre que dérouler une histoire de flibuste sans grande inventivité. Preuve en est des différents clichés, utilisés ici sans vergogne : premièrement celui des pirates réputés sanguinaires qui s'avèrent être d'assez sympathiques compagnons de voyage quand on les connaît et qu'on est pas un représentant du Roi (de Hollande, de France, D'Angleterre ou d'Eckmül). Puis celui, accompagnant généralement le précédent, où le personnage principal, recueilli par les pirates (qui sont maintenant ses copains), s'aguerrit progressivement dans le maniement des diverses armes jusqu'à devenir un redoutable adversaire. Une troisième représentation classique vient finir le tableau, celle où le personnage principal (encore lui) comprend que la flibuste inclut aussi le zigouillage de bourgeois sans défense, et se dit que, peut-être, ce n'est pas le débouché professionnel qu'il lui faut.

N'était donc l'exposition des corps jeunes, musclés et agiles de ces
sauvageonnes de la mer, il n'y aurait rien pour retenir l'attention dans ce livre. Et c'est avec beaucoup de tristesse qu'on en vient à faire ce constat, pour ce que l'on sait ou ce que l'on voit des auteurs. En effet, on sait que Christophe Arleston est capable de faire du très lourd, mélangeant à la fois le comique, le suspense et l'aventure, dans des histoires inventives, même parfois sur des concepts usés. De même, Olivier Vatine, dont on appréciera malgré tout le coup de crayon, n'est pas un jeunôt auquel on aurait prêté Arleston le temps de se faire connaître sur le spin-off d'une série à succès. Reste alors une impression diffuse de gâchis, qui ne laissera au final qu'un produit ressemblant assez tristement à une opération marketing, qui a l'inconvénient, en rajoutant du médiocre dans de bonnes séries, d'en édulcorer l'intérêt global. Il sera donc plus prudent de se tenir un peu écarté de ce genre d'ouvrages contingents, pour ne pas finir par les considérer comme essentiels.