La cité de l'Arche - Tome 2 : une suite traînante
Bande Dessinée / Critique - écrit par athanagor, le 03/05/2011 (Tags : constantinople ville pera pays maisons sultan tome
Après un tome 1 mou, qui terminait sur un cliffhanger suscitant quand même la curiosité, Boiscommun reste fidèle à lui-même et traîne un peu son histoire en longueur.
Portés, à l’ouverture du tome 1, par l’envie de lire une BD de SF politisée et glauque, nous nous étions retrouvé assez vite déçus par un rythme traînant et un développement assez faible de l’intrigue. Nous avions toutefois manifesté vouloir en lire la suite, attisés que nous fûmes par
DR. une fin laissant la place à d’inquiétantes créatures rampantes, dont l’origine suscitait l’intérêt.
Malheureusement, une fois encore, le lecteur restera doublement sur sa fin. L’intrigue politique est encore assez molle, ne bénéficiant que des apparitions dispersées du Grand Présideur et de son « Reinfield », autour de questions qui apparaissent de plus en plus lointaines. D’ailleurs l’essentiel de leurs conversations concernant le Niffug Cam, on finit par se demander si tout cela est bien sérieux. De la même façon, on n’en saura pas plus sur les créatures nocturnes qui réveillèrent précédemment notre intérêt. Ici, l’histoire s’ouvre sur une nouvelle évocation de l’idylle naissante et impossible entre Anathaël, le héros, et la jeune fille qu’il croise tous les matins sur le pont. Mais au lieu de partir dans cette direction et d’en développer les effets, nous sommes embarqués dans deux nouvelles directions. Premièrement, Jaël, dit « la taupe », chef de la résistance, s’avère être le frère d’Anathaël. Tous deux se reconnaissent immédiatement et après des retrouvailles mouvementés, ils font la paix en trente secondes, s’en serrent cinq et décident de se revoir très vite pour s’en jeter un. Deuxièmement, le pote en chaise roulante d’Anathaël, Escarre, qui lui apprend l’Hyperception, a tout l’air d’être ce mystérieux dernier Guide qui se déplace sous une cape dans les sous-sol. D’ailleurs, le Grand Présideur, en ruminant sa vengeance, le cite nommément dans
DR.ses élucubrations. Au milieu de cela, les créatures étranges, qui apparemment s’appellent des « rampants » (!), apparaissent un peu plus que dans le tome 1, mais il semblerait que se soit encore pour mettre un peu de liant dans la sauce.
Ce qui finit par être gênant, ce n’est pas la structure de l’intrigue, qui n’a pas l’air plus bancale qu’une autre, mais bien l’impression qu’il s’agit ici d’un deuxième album d’exposition, qui pourrait même en amener un troisième. La narration très lente ne donne pas réellement l’impression de prendre son temps mais plutôt de ne pas trop savoir comment commencer. Des éléments nouveaux et constitutifs de l’histoire apparaissent encore, alors que d’autres ne sont toujours pas installés, et leur présentation sur ce tome 2 creuse la distance avec ceux qu’on découvrait dans le tome 1. Le risque est donc que la réapparition de premiers plus loin dans le récit, et après une longue pause, donne une impression de hors sujet.
Alors la question ne se posera pas de savoir si on aime ou pas le trait de Boiscommun. Ce qui est plus inquiétant c’est cette certitude grandissante que l’histoire va passer d’une longue introduction à une conclusion brusque, rendue complexe par la foison d’éléments, sans trouver le moyen de proposer un développement qui en permette l’articulation. Alors, tout ce qu’on souhaite, comme souvent, c’est de se tromper.