8/10Chimères - Tome 3 - Bellérophon

/ Critique - écrit , le 24/07/2007
Notre verdict : 8/10 - Mémoires et songes cauchemardesques (Fiche technique)

Tags : tome behe chimeres joseph mosdi thomas manga

Avec ce tome final, Chimères affirme son statut de chef d'œuvre éblouissant, salué unanimement par la critique et ses lecteurs, à juste titre. Une bande dessinée qui aura une place de choix dans votre bibliothèque.  

La mythologie grecque est une source inépuisable pour les auteurs, cela au même titre que l'Egypte et ses pharaons. Le dernier scénariste en date ayant réalisé une saga mêlant réalisme et légende fut Alcante avec Pandora Box. Auteur qui a fait ses armes sur le site Bdamateur et remarqué par Dupuis, le monsieur avait ouvert la boîte de pandore pour l'intégrer dans une sphère socio-politique, sous l'oeil de 6 dessinateurs différents. Un essai très axé sur la volonté de faire passer une information proche du documentaire fictif. Un autre exemple est aujourd'hui présenté par Thomas Mosdi et Joseph Behé. Deux personnes ayant plus de bouteilles dans le milieu.

Daniel Daremberg est un homme simple, doux et très sensible. A la différence de ses congénères, l'homme souffre pourtant d'une psychose depuis l'enfance. Enfermé depuis sa jeunesse dans un centre psychiatrique, l'homme sort enfin de l'établissement pour tenter de retrouver une existence normale. Mais des démons le hantent et viennent perturber sa quiétude dès lors qu'il se retrouve en contact avec les femmes. Et si ces monstres mythologiques existaient vraiment ? Pure fantasme de son imagination ou réalité des faits vus par un « fou » ? Daniel va alors plonger au cœur de cette quête surréaliste et personnelle où il ne ressortira pas indemne. Scénario subtil mélangeant inconscience et monstres mythologiques, Chimères peut-être salué pour la pertinence de sa narration. Son mécanisme, savamment huilé, oscille parfaitement entre l'imaginaire et le réel tout en ne lui donnant pas un aspect absurde. Thomas Mosdi a travaillé au détail près son tryptique. Parvenant à ne pas décrédibiliser son protagoniste principal, l'homme ne sombre pas dans la caricature vulgaire des centres hospitaliers psychiatriques, de plus, son « monde parallèle » ne vient pas accentuer le non-sens d'une intrigue qui aurait pu être confuse, mais au contraire, lui apporter une part d'onirisme adhéré par le lecteur. Le scénariste donne l'impression de bien suivre un mécanisme où le Moi et le «ça» s'entremêlent au point de venir perturber la réalité. Ainsi, tel un médecin suivant son patient, Mosdi analyse, tente de décrypter en même temps que nous la névrose de Daniel, loin d'être fou.  

Pour parvenir au mieux à remettre en scène cette ambiance particulière, Joseph Béhé réussi à accorder ses crayons. D’un trait fragile et délicat, le dessinateur donne vie à son dessin grâce à un fin crayonné.  L’expressivité des personnages et la grâce de leurs gestuelles viennent animer les décors académiques. Le tout va être principalement complété par une touche d’aquarelle, utilisant des teints clairs variant entre un jaune nostalgique ; en proie au souvenir et le bleu glacial des cauchemars. La clé du résultat final est éblouissante et prouve l’efficacité de ce duo complémentaire. Un tome ultime où les refuges destinées à fuir les monstres du passé peuvent à leur tour être l’acteur principal de nos cauchemars.

Avec ce tome final, Chimère affirme son statut de chef d’œuvre éblouissant, salué unanimement par la critique et ses lecteurs, à juste titre. Une bande dessinée qui aura une place de choix dans votre bibliothèque