Les Chemins de traverse
Bande Dessinée / Critique - écrit par plienard, le 10/11/2010 (Deux récits véridiques et émouvants font de cet album un rare moment de plaisir et d'émotion. Pour ceux qui croit encore en l'homme et veulent voir de l'espoir.
Maximilien Le Roy est la personne commune aux deux histoires qui sont racontées dans ce livre qui est la fin d'un cycle qu'il a entamé en 2009. Le cycle traite du conflit israélo-palestinien. Il démarre avec Gaza, un pavé dans la mer (La boîte à bulles). Puis en 2010, Faire le mur paraît aux éditions Casterman. Enfin, ce livre qu'il décrit comme « une conclusion personnelle d'une histoire qu'on dit sans fin ».
Nous avons donc deux récits, le premier dessiné par Soulman, le second par Maximilien Le Roy et qui sont les récits d'un palestinien Osama Abu Ayash et d'un israélien Matan Cohen. Tous les deux apportent leur témoignage sur ce conflit interminable et leur engagement pour la paix et le « taayoush » ou « vivre-ensemble » en arabe. Le taayoush est aussi un mouvement judéo-arabe, né en 2000, avec la vocation de créer des liens entre la communauté juive et palestinienne.
Les deux récits ont pour titre, respectivement, Osama et Matan, ce qui correspond au prénom des deux narrateurs. Osama est palestinien. A 17 ans, il perd son père, gravement malade. Il est arrêté par la police israélienne, par erreur, et torturé « par erreur ». Son récit est poignant. Si le début est une suite incessante de malheur avec les frères de sa femme tués les uns après les autres par l'armée sioniste. Et si on s'attend un jour où l'autre à ce qu'il nous explique comment il est entré en résistance, c'est finalement tout le contraire. Il nous expliquent comment il a intégré le mouvement « le cercle des parents », mouvement israélo-palestinien.
Matan est israélien. Depuis l'âge de 14 ans, ce jeune homme va voir ce qu'il se passe dans les territoires occupés. Si, au départ, c'est par curiosité, il s'est rendu compte que les palestiniens étaient aussi des gens accueillants et aimables. Il s'est aussi rendu compte que le pouvoir israélien entretenait une sorte de formatage des cerveaux (et notamment de la jeunesse) par le biais de l'enseignement et de l'éducation. Et que ses jeunes concitoyens, sans être foncièrement méchants, ne cherchaient pas à aller plus loin que le discours officiel. Et avec des camarades, il décide de réagir et participe à une manifestation contre la construction du mur. Il est alors blessé par un soldat israélien et perd un œil.