Les Champs d'azur - Tome 1 - Les pionniers
Bande Dessinée / Critique - écrit par athanagor, le 28/05/2010 (Avec ce premier tome, Giroud et Brahy amorcent une saga construite autour de l'aventure aéronautique, où la passion des acteurs déteint sur les lecteurs.
En ce début de 20e siècle, le vrai défi, c'est le ciel. Théodore Fayard, qui fait partie de la clique des mordus qui firent de cette quête une formidable aventure humaine, va rejoindre, sitôt démobilisé, la famille Joliot. Il s'agit en effet pour lui d'une opportunité formidable, car si les Joliot sont une riche et puissante famille, c'est qu'ils ont fait fortune dans l'automobile. Ainsi, le patriarche qui s'est lancé dans ce projet, lui aussi atteint par le virus aéronautique, dispose d'un savoir-faire mécanique et d'une sérieuse rente qui vont permettre à Fayard de mener ses rêves à bien.
Ce premier tome s'attache à décrire les premières années de l'aventure aéronautique et assez vite, malgré pourtant un dessin inégal de Luc Brahy, on est captivé par ce qui s'y passe. Les recherches, les bricolages, les espoirs et les déconvenues, tout est lu avec énormément d'empathie et d'intérêt. Et si le lecteur se fait ainsi piéger par le récit, c'est évidemment grâce au talent de Frank Giroud, qui met en place une histoire intelligemment développée, entremêlant les aspects techniques et le dur labeur mécanique aux aspects psychologiques, tenus entre la passion de l'ingénieur et la course à la gloire. Toutefois un autre élément, simple, fait plus pour embrigader le lecteur, pourtant assez peu disposé : c'est la lecture attentive des deux premières pages. Juste derrière la couverture, on peut trouver une chronologie de la discipline, relatant les divers noms, intuitivement connus de tous, et les détails de leurs exploits en la matière. On découvre alors, en regard de l'Histoire de l'Europe, le menu des prouesses techniques et on est surpris de voir la vitesse à laquelle la technique a évolué. En quatre ans, d'une distance alors encourageante de 20 mètres à 4,50 m du sol, on passe à la traversée de La Manche par Blériot. C'est cette prodigieuse évolution qui, dès lors, s'accapare toute la fascination du lecteur. En présentant ainsi le contexte historique, les auteurs annihilent d'emblée tout le suspense de l'intrigue qu'ils choisissent pour leur ouvrage, et prennent l'option d'illustrer ce formidable et intrigant bond technologique, en offrant au lecteur une place aux premières loges.
Dans cette aventure folle, aux tenants si extravagants, qu'ils soient financiers, techniques ou humains, on se prend à supporter cette équipe de mécaniciens qui veulent aller plus haut et plus vite que les autres. Les auteurs nous amènent donc ici à développer l'empathie qu'on réserve généralement aux personnages haut en couleurs, ceux qui font bouger les lignes et que certains appellent des « héros ». Mettant en scène l'Histoire et l'orchestrant devant nos yeux ils donnent à leur récit la saveur particulière de ceux dont on connaît à l'avance la fin, mais dont le développement détaillé procure toujours un réel plaisir, celui de voir sa curiosité assouvie.