4/10Le Cercle de Minsk - Tome 4 - La chaîne brisée

/ Critique - écrit par athanagor, le 16/08/2009
Notre verdict : 4/10 - Et pas qu'la chaîne (Fiche technique)

Quatrième et pénultième volet de la série, ce tome démonte en dix pages toute la bienveillance née à la faveur du troisième opus.

Cachés dans un hôtel de Cayenne, Iannis et Ariane, au prix d'un subtil Er s'enfuit encore !
Er s'enfuit encore !
stratagème et grâce à l'intervention de la police, parviennent à se débarrasser définitivement de l'encombrant Schultz. Suite à cette épisode, une chose devient claire : celui ou celle qui veut empêcher Iannis de rentrer en Europe est un membre du Cercle ; eux seuls connaissaient sa cachette. Deux jours plus tard, lors de son intronisation dans le Cercle, celui-ci formule ses doutes concernant la probité des membres. Mieux, il confesse se moquer de leur grande utopie et ne chercher à être des leurs que pour démasquer le rat qui causa la mort de Heike, sa sœur. Devant l'impossibilité de conclure à la culpabilité d'un des membres, la session reprend donc un cours normal. En effet, cela fait des décennies que le Cercle ne parvient pas à l'unanimité permettant enfin d'initier leur grand ouvrage. Il s'agit donc de trancher une fois pour toute, quitte à faire des concessions. Une décision commune semblant sur le point d'être prise, les membres se laissent alors un délai de réflexion (il s'agit quand même d'une somme colossale) et se donnent rendez-vous, dans un mois, à la banque Cartier de Genève, pour recompter leur butin et enfin finaliser leur projet.

Ce tome 4, qui viendra finalement confirmer la préséance de la chute du mur de Berlin comme acte fondateur de l'histoire, démarre avec à peu près le même allant que l'ouvrage précédent. Celui-ci parvenait à diversifier son propos, tant dans le temps Sinon, on a beau chercher...
Sinon, on a beau chercher...
que dans l'espace, et donnait aux auteurs une fondation claire qui leur permettait de faire vivre leur histoire. Le trait de Stalner, morne dans les deux premiers livres, puis surprenant dans l'opus 3, garde ici une dynamique et une fraîcheur indescriptible, qui parvient à fixer une atmosphère crédible, presqu'audible au lecteur. C'est un résultat toujours surprenant pour ce trait parfois rondouillard, parfois carré, qui réussit à suggérer les détails sans jamais les montrer.

Les premières pages s'ouvrent donc sur le rythme énergique qui permettait au précédent ouvrage d'être un réel divertissement. Malheureusement, ce rythme se brise très vite, pour reprendre celui si pénible des deux premiers tomes, que l'on sentait assujettis à la nécessité de faire durer l'histoire sur 48 pages. Ainsi, la réunion du Cercle est interminable, comme la période précédant le rendez-vous à la banque, comme d'ailleurs ce rendez-vous et ce qu'il y adviendra. Ce rythme lent et bavard détaille certes les rouages de l'intrigue avec la précision qu'exige généralement un élève de CP hyperactif, mais son pendant maléfique consiste à laisser au lecteur le temps de se poser une myriade de questions promptes à démonter toute l'arnaque.

Sans préciser la portée de certaines, pour ne pas nuire au lecteur amateur, on se retrouve donc face à ces interrogations : Comment se fait-il que le projet ait pris si longtemps à voir le jour, même en considérant les ... l'action est rare.
... l'action est rare.
agissements des méchants et que ce soit justement maintenant que tout le monde décide de s'emballer ? Comment un enfant peut-il être à ce point et si jeune, si éloigné des valeurs de ses parents, surtout sans jamais manifester la moindre onde de révolte ? Comment fait le personnage principal pour être si balèze dans la vie de tous les jours, alors que ses motivations de la fin de l'épisode précédent semblent avoir disparues du jour au lendemain, le dénonçant ainsi comme une chiffe sans âme ? Et pourquoi diable faut-il autant de temps pour raconter tout ça ?

A la fermeture de cet volet, on se demande donc si le principe d'une aventure sur 5 albums n'a pas été choisi dès le départ pour coller au nombre de membres du Cercle, forçant Giroud à délayer son histoire jusqu'à coller un cliffhanger assez transparent à la fin de l'ouvrage plutôt qu'au milieu. Vu comme ça se termine, il y a en effet assez peu de chances pour que le tome 5 contienne autre chose que la traque des méchants par les gentils, décidés à leur infliger une punition divine de derrière les fagots, voire les mettre en prison. Mais soyons patients et nous saurons alors si 4 albums n'auraient pas aussi bien fait l'affaire, quitte à nommer la série Le carré de Minsk. Quoi qu'il en soit, et en admettant que le cinquième se révèle être une claque, celui-ci ne laissera en bouche qu'un goût fadasse.