7.5/10Cellule poison - Tome 3 - La main dans le sac

/ Critique - écrit par riffhifi, le 24/04/2008
Notre verdict : 7.5/10 - Poison d’avril (Fiche technique)

Tags : dans poison cellule tome astier laurent manga

Laurent Astier, seul maître à bord, continue sur sa lancée cette belle réussite appelée Cellule Poison. Les fans de polar ancrés dans l'actualité apprécieront, malgré quelques facilités.

Le mot "poison" semble porter chance à Dargaud, puisque deux de leurs meilleures séries actuelles le recèlent : Les exploits de Poison Ivy, fantaisie gaguesque sur une escouade de super-héroïnes en pleine Seconde Guerre Mondiale, et Cellule Poison, précédemment titré Poison (pour le tome 1), du scénariste-dessinateur-coloriste Laurent Astier. Polar à la colorisation très personnelle, la série rencontre un franc succès et devrait être un petit classique d'ici quelques années.

Zoran et Clara, membres de la Cellule Poison, infiltrent un réseau de prostitution en
provenance de Sarajevo afin de mieux le démanteler. Pas facile de garder la tête sur les épaules quand la propre sœur de Zoran est aux mains des vilains prostitueurs...

Fidèle aux deux premiers tomes, La main dans le sac paie ses presque-cent-pages qui sentent le tabac, la cocaïne et le stupre pas toujours volontaire, avec sa mise en couleur bichrome étonnante : jaune-rose, rose-vert, vert-jaune, jaune-bleu, etc. L'effet d'immersion est toujours aussi marquant, mais on se surprend parfois à se demander si la colorisation ne masque pas quelque peu les quelques faiblesses du dessin (qui reste de grande qualité) et surtout celle d'un scénario qui commence à montrer ses limites. On décèle un peu de racolage : la scène de piscine totalement gratuite des planches 80 à 84, la mention « ce livre est déconseillé aux lecteurs de moins de 12 ans » en quatrième de couverture (en matière de violence graphique, il n'y a vraiment pas de quoi fouetter un chat) (d'ailleurs c'est vilain de fouetter les chats)... On se dit que certaines ficelles sont un peu grosses, et pas seulement celles du maillot de bain de Clara. Pourtant, il faut bien l'admettre, Cellule Poison reste une lecture de haute qualité, et trouve ici l'intelligence d'écarter pas mal Zoran et Clara du feu des projecteurs pour se concentrer sur les exactions d'un duo de petites frappes albanaises et leurs
manœuvres de détournement de jeunes filles. Révoltant mais impeccablement raconté.

La narration en forme de flash-backs et forwards, Laurent Astier la maîtrise sans problème au bout de trois tomes ; la mise en page, disciplinée mais variée, sert parfaitement l'histoire aussi. Décidément, on serait bien difficile à faire des reproches à Cellule Poison sur sa forme. Le fond, en revanche, est au bord d'une crise de renouvellement ; ancrer le récit dans la politique et la réalité de ces dernières années aide à maintenir l'intérêt et la crédibilité, mais il faut espérer que l'intrigue policière ne puisera pas trop à l'avenir dans les clichés du genre. Feuilleton oblige, on aura la réponse dans le tome 4, annoncé sous le titre Dans les serres de l'aigle. Vivement ? Oui.