6.5/10Célébritiz

/ Critique - écrit par iscarioth, le 05/02/2006
Notre verdict : 6.5/10 - Celebration day (Fiche technique)

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Un one-shot sympathique, mais loin d'être indispensable.

Rappelez vous ce gag de Gotlib, avec le personnage de Gai-Luron à la plage, poursuivi par ses fans. Le pauvre a bien essayé de trouver refuge quelque part où on le laisserait en paix. A la montagne, à la campagne, au ciel... Rien n'y a fait. Il y avait toujours quelqu'un pour le poursuivre, crayon à la main, en lui demandant un autographe. Célébritiz, c'est un peu ça. L'histoire d'un homme comme vous et moi (à la différence près qu'il porte le patronyme ridicule de Michel Canard) et qui se retrouve un jour avec, entre les mains, une boîte de pilules qui rendent célèbre. Michel Canard devient alors célèbre. Non ! Pas chanteur, ni acteur, ni quoique ce soit d'autre... Juste célèbre.


L'aventure démarre vite et fort. En deux planches, l'élément perturbateur (la pilule), qui fait de Michel une star est découvert et exploité. S'ensuivent quarante pages de péripéties. En devenant une star par intermittence, Michel va pouvoir tenter de séduire quelques femmes et se faire une place dans le monde du cinéma. L'humour est complètement absurde et l'histoire qui nous est contée prend des tournants brusques et fréquents. On n'a toutefois jamais l'impression que quelque chose de réellement palpable se construit. Célébritiz n'est ni une comédie de moeurs ni un pamphlet haineux sur le fanatisme et la célébrité. On pense au surréalisme. Célèbritiz n'est pas totalement incompréhensible comme peut l'être une fiction réalisée à la manière de l'écriture automatique, mais il déstabilise en enchaînant des petites péripéties qui, à presque aucun moment ne s'imbriquent les unes aux autres pour former un tout, une intrigue cohérente. On est bel et bien dans l'absurde, mais pas dans un absurde jouissif et délirant.

Graphiquement, Célébritiz est à réserver aux amateurs du style très expérimental et brouillon instigué par Trondheim lui-même il y a quelques années. Un style très esquissé, qui laisse à beaucoup de lecteurs amateurs des belles formes travaillées la désagréable impression du bâclé. Le dessinateur finlandais de l'album, Ville Ranta, en choquera plus d'un avec ses nez complètement difformes (comptez trois mandibules pendant au milieu du visage de Michel Canard !).


Ironie du sort, Célébritiz est le dernier scénario que Trondheim aura rédigé avant de devenir « célèbre » grâce à (à cause de ?) son grand prix d'Angoulême. Une chose est sûre, l'album ne restera pas dans le coeur des fans comme son oeuvre la plus éclatante. Un one-shot sympathique, mais loin d'être indispensable.