Le Casse - Tome 2 - Le troisième jour
Bande Dessinée / Critique - écrit par plienard, le 10/05/2010 (Devant la pression du peuple juif, le préfet Ponce Pilate décide de crucifier Jésus. Marie-Madeleine va alors vouloir libérer l'homme qu'elle vénère, avec l'aide de Jacques le juste.
Voici le deuxième album de la nouvelle série Le casse chez Delcourt. Et comme le titre l'indique, cette série nous raconte l'histoire d'un casse, qui est, ici, pour le moins particulier : le vol du corps du Christ.
Ponce Pilate, alors préfet de Judée, a arrêté Jésus Christ mais n'a aucun grief contre lui.
Le peuple de Jérusalem, et notamment ses grands prêtes, demande au prélat romain de le crucifier à la place du voleur Barabbas. Le romain accepte. Marie-Madeleine et Jacques (dit le juste) assistent à la scène et n'en croient pas leurs oreilles. Devant cette injustice, Marie-Madeleine décide alors de libérer le Christ et va imaginer un stratagème digne du plus grand casse du siècle (le premier siècle, en l'occurrence).
L'idée est particulièrement ambitieuse de faire rentrer un scénario dans un événement majeur de l'histoire chrétienne. Car, il faut le dire, aucun fait connu ne sera dénaturé.
Les auteurs ne réécrivent pas l'histoire de la crucifixion, ils lui donnent une explication. Ainsi Henri Meunier reste fidèle à l'histoire connue et la parsème de prises de position qui accréditent le vol du corps. Ainsi pendant les deux tiers de l'ouvrage, on a l'impression d'être retourné au catéchisme et de réapprendre un peu les derniers instants de Jésus. Tout cela est fait avec talent et réalisme. Malgré un langage quelquefois un peu châtié, les dialogues sont très bien écrits. On regrettera cependant l'orthographe, à chaque fois différente, du nom du voleur Barabbas (au début noté Barabbas puis Barrabas à la fin). Mais on ressent une réelle connaissance de l'auteur pour l'idéologie chrétienne et on découvre une Marie-Madeleine capable de renverser les notions chrétiennes à son avantage pour réussir son coup. Les dialogues avec Jacques ou avec le romain Longinus en sont un bon exemple. Le tout est présenté avec un dessin très réaliste. Le dessinateur Richard Guérineau, maintenant connu pour sa série le chant des stryges, nous offre un style différent mais tout aussi réaliste.
Le seul bémol est le traitement de la fin qui se veut un peu trop humoristique par rapport au reste de l'album. Les deux gardes du tombeau sont deux « couillons » et leur comportement est à la limite du risible. Il y a là une réelle opposition entre le début et la fin, comme si les côtés réaliste et plausible du début devaient être annihilés par une fin légère, pour prouver que cette histoire est juste imaginée, qu'elle est une interprétation des faits.
Au final, ce casse sera le plus beau coup jamais réussi. D'ailleurs deux mille ans plus tard, on en parle encore.