Les Carnets secrets du Vatican - Tome 1 - Tombée du ciel
Bande Dessinée / Critique - écrit par athanagor, le 30/04/2008 (Partie d'une histoire certainement très intéressante mais fort complexe, les auteurs pêchent par manque de clarté et se débattent avec leur intrigue.
Il est généralement assez raisonnable de commencer une critique par un court résumé du support que l'on se propose d'encenser ou de miner. Ne serait-ce que par pure correction. Malheureusement, pour l'ouvrage dont nous allons nous entretenir aujourd'hui, l'exercice relève du tour de force. En effet, l'histoire en est si embrouillée et parsemée de tant d'ellipses qu'il devient difficile d'en résumer le contenu en quelques lignes sans courir le risque de se faire insulter pour avoir oublié la moitié de l'intrigue, qui est justement celle qui donne tout son sens au récit.
Toutefois l'éducation et les bonnes manières ayant la vie dure, faisons un petit effort.
Au service de presse du Vatican, travaille une jeune fille évidemment super canon avec des gros seins appelée Annunziata Sabini, qui s'occupe de la traduction d'articles étrangers. Apprenant la mort d'un gars en Russie dont elle a entendu parler (le gars, pas la Russie. Enfin si, la Russie aussi,
Pope up the volume mais pas dans cette phrase !), elle va prévenir le curé qui l'a élevée, parce que c'est lui qui l'a trouvée sur le seuil de l'église (la fille, pas le gars, ni la Russie d'ailleurs) et qui est celui qui lui en a parlé (du gars donc). Ni une ni trois, ils se mettent à plusieurs, avec un autre traducteur du service de presse du Vatican et un autre curé, pour aller enquêter sur la mort du gars, en Russie. Arrivés sur place, ils découvrent que l'explosion d'une météorite en 1908 à Toungouska a peut-être engendré une nouvelle race d'hommes dont la fille aux gros seins ferait partie. Puis ils se font tirer dessus. Puis y'a des shamans qui font des prières. Puis il y a des gens qui partent en exil parce qu'on leur tire dessus et apparemment le Vatican est au courant de toute l'affaire et tente de l'étouffer. Voilà.
S'agissant d'une histoire tournant autour de la théorie du complot (bien qu'aucune certitude ne soit établie), les grands amateurs du genre qui se rueront sur l'ouvrage ne devraient pas souffrir d'un excès d'explication de la part de ce résumé, complètement incapable, même en essayant de toute ses forces, de dévoiler le pot aux roses.
En tentant de raconter une histoire où les comploteurs gardiens d'un lourd secret ne sont pas la CIA ou l'armée américaine, mais le Vatican, les auteurs se placent d'emblée dans la catégorie Dan Brown, et nous envoient une intrigue complexe et sûrement tout aussi intéressante et bien ficelée. Malheureusement ils se heurtent aux contraintes du format qu'ils ont choisi. Il est très difficile d'installer et de développer un tel bazar en partageant l'expression entre le dessin et le texte.
On est plutôt bombasse au Vatican !D'ailleurs, et très justement, le texte, nécessaire à la compréhension est surabondant. Mais plutôt que d'assumer ce foisonnement, et pourquoi pas d'écrire un livre plutôt qu'une BD, les auteurs choisissent de ne pas en faire trop dans la parlotte. Ils se retrouvent finalement dans la pire des situations : beaucoup de texte qui n'explique pas grand chose, et en 10 pages, on sait plus trop ce qu'il se passe.
Pour couronner le tout, le dessin se révèle parfois approximatif et il devient difficile de reconnaître certains personnages quand ils ne portent pas des lunettes ou quand ils les enlèvent. Même les attributs mammaires exponentiels de l'héroïne ne lui garantissent pas une reconnaissance à coup sûr d'une page à l'autre.
Pour bien saisir le tout du pourquoi du comment, il conviendra donc de se replonger dans la lecture de l'opus, mais alors dans le plus grand silence et avec la plus profonde des concentrations. Mais a-t-on vraiment envie de cela quand on lit une BD, et surtout a-t-on vraiment envie de le faire pour celle-ci en particulier, alors que la première lecture s'est montrée si fastidieuse ?