Les Carnets de Darwin - Tome 1 - L'oeil des celtes
Bande Dessinée / Critique - écrit par plienard, le 05/03/2010 (Une bête mystérieuse sème la terreur sur un chantier du chemin de fer. Charles Darwin, rendu célèbre par son fameux livre sur l'origine des espèces, est appelé à l'aide. Et si maillon manquant entre l'homme et l'animal existait encore ?
Notre histoire commence en pleine révolution industrielle sur un chantier du chemin de fer. Le bruit dans l'enclos des chevaux réveille deux ouvriers. Inquiets de ne pas revoir deux autres collègues déjà partis voir,
Charles Darwinils se lèvent pour jeter un œil sur ce qu'il se passe. Et c'est là qu'ils font une macabre découverte.
Charles Darwin vient de publier son célèbre livre sur l'origine des espèces, ce qui lui a accordé une certaine renommée, aussi bonne que mauvaise. C'est alors qu'il est mandaté par le premier ministre pour élucider discrètement la mystérieuse attaque de deux ouvriers sur un chantier dans le Yorkshire. Ses talents de naturaliste, et surtout ses recherches sur les bêtes légendaires telles que la bête du Gévaudan ou encore les Griffus, devraient lui permettre de résoudre cette énigme. Mais l'objectif principal est de permettre que les travaux du chemin de fer reprennent au plus vite car il y a de nombreux enjeux financiers. Il aura, pour toute aide, une jeune femme élégante et raffinée, mais ayant un sacré caractère, miss Suzanne Dickinson.
Dans le contexte réel de la révolution industrielle, dans le Londres victorien et avec l'utilisation de personnages ayant existé (Charles Darwin, himself !), le scénariste Sylvain Runberg nous livre une histoire comme il a l'habitude de le faire : c'est-à-dire une histoire dans un style qu'il n'a jamais fait. C'est bien une de ses caractéristiques, celle de nous étonner à chaque fois avec un nouveau style d'histoire. On est bien loin de Kookaburra universe, Orbital ou encore des Locataires. Une autre caractéristique est son talent de scénariste (ça tombe bien !).
La facilité avec laquelle il intègre le fantastique à la réalité historique est tout à fait déconcertant. Même si l'histoire est somme toute classique dans le genre - une bête mystérieuse tue et terrorise la population et un éminent spécialiste est envoyé pour découvrir la vérité sur tout cela - elle n'en reste pas moins efficace. De plus, à ce fil conducteur, se greffent d'autres événements qui enrichissent l'histoire. Le personnage Charles Darwin a sa part d'ombre et miss Dickinson est une suffragette en puissance. Tout cela inscrit bien l'histoire dans l'époque victorienne et la rend plausible. Elle a le charme d'une histoire à la Sherlock Holmes avec Charles Darwin en guest star !
Mais tout ceci ne serait rien sans le talentueux dessin de Edouardo Ocana, artiste espagnol, compère de Runberg sur Kookaburra universe.
Miss DickinsonAvec un trait réaliste, il nous plonge dans l'époque victorienne à la fois sombre (les conditions des ouvriers et les ruelles pauvres) et élégante (symbolisée par Miss Dickinson).
L'alternance des périodes de nuit où tout peut arriver et les périodes de jour où tout semble être maîtrisé apporte à l'histoire son côté effrayant. L'atmosphère rappelle celle du film Le village de M. Night Shyamalan par certains côtés (l'époque et les faits qui se passent aux environs d'un bois) et par d'autres côtés que je vous laisse découvrir. Pour continuer la comparaison cinématographique, le traitement de la bête, ses déplacements, sa furtivité nous fait penser au Pacte des loups de Christophe Gans. Bref, une atmosphère angoissante qui augmente au fil des pages.
A cela s'ajoute la couleur de Tariq Bellaoui qui, il faut bien l'avouer, donne le ton à l'album. Son rôle est à mettre en avant, car l'album n'aurait pas l'impact qu'il a sans cela.
Pour un premier tome où la mise en place des personnages est importante, l'action et les rebondissements sont quand même bien présents. Cela nous permet de ne pas nous ennuyer et fait espérer le deuxième tome avec impatience.