8/10Le Camp-volant

/ Critique - écrit par iscarioth, le 17/06/2007
Notre verdict : 8/10 - Retour aux sources, quintessence ? (Fiche technique)

Le camp volant est un album indispensable aux amoureux de l'univers de René Hausman

René Hausman est un grand nom du paysage franco-belge. Il a d'abord imposé son univers en tant qu'illustrateur dans les colonnes de Spirou, on vous conseillera d'ailleurs chaudement le recueil Allez coucher, sales bêtes. Puis, l'artiste a marqué les premiers temps de vie de la collection Aire Libre : le diptyque Laiyna (1987-1988), Les trois cheveux blancs (avec Yann en 1993) et Le prince des écureuils (1998). Hausman est aussi réputé que rare auprès des bédéphiles.

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On n'a pu lire René Hausman au cours de ces années 2000 qu'à l'occasion de publications de petite envergure : Le Manège enchanteur, La grande tambouille des fées. Sa dernière contribution à la prestigieuse collection Aire Libre, à laquelle il a contribué à offrir ses lettres de noblesse, remonte à 2003 (Les chasseurs de l'aube). On pourra rapprocher l'artiste d'un autre grand nom de la bande dessinée ;
Didier Comès, qui, comme lui, produit des œuvres aussi impressionnantes que rares.

Comme Comès, Hausman fixe son univers dans la verdure et l'étrange des Ardennes et se distingue, toute époque confondue, des thématiques mainstream,. Son œuvre, teintée de fantasy, est particulière, difficile à définir clairement, très imbibée de légendes et d'animaux. En lisant Le camp-volant, on est partagé entre l'envie de dire que René Hausman met en scène la quintessence de son univers et celle d'affirmer qu'il s'ancre plus fondamentalement dans les légendes des terroirs. Légendes desquelles il s'était éloigné en créant des récits plus portés sur la fantasy (Laiyna, personnage central et héroïne).

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L'imagination de Hausman a été nourrie par tout un imaginaire féerique, conté par sa grand-mère. La vieille femme nourrissait l'esprit de l'enfant d'histoires d'elfes, de loups-garous, mais aussi d'un autre type de récit, plus villageois, les secrets de famille. « Des histoires qu'on se raconte sous le manteau, en baissant la voix » explique Hausman à France 5. « Le camp volant », titre de l'album, désigne, selon l'expression des Ardennes, le vagabond qui lève rapidement un camp précaire. L'album raconte donc le morceau de vie d'un homme errant, dont l'esprit semblait faire corps avec celui de la forêt.

Face à la pureté et à l'innocente expérience du vagabond, il y la communauté villageoise, avec ses secrets, ses réticences, ses réflexes de rejet et d'exclusion. Parfois mystique, parfois attendri, parfois presque horrifique, le tableau dressé capte l'attention, d'une manière bien moins mièvre et utopiste et bien plus imaginative qu'un Magasin général.

Le camp volant est un album indispensable aux amoureux de l'univers de René Hausman, un univers richissime, on ne peut plus personnel, qu'il est possible de découvrir par cet album, aussi bonne entrée en matière que point « non final ».