Bunker - Tome 2 - Point zéro
Bande Dessinée / Critique - écrit par riffhifi, le 27/01/2008 (Tags : bunker tome bec christophe betbeder livres point
Ennuyeux, conventionnel et figé, Bunker n'a rien pour susciter l'enthousiasme. Pas même un peu d'action.
En octobre 2006, le premier tome de Bunker intitulé Les frontières interdites sortait en librairie. Aujourd'hui, Christophe Bec laisse tomber le dessin de la série qu'il continue de co-écrire, et passe le relais à Nicola Genzianella.
Aleksi Stassik et ses amis vont quitter le Bunker n°37 pour aller rencontrer le prince des Territoires du Sud, Aberrahman Derleth Al-Hazin, afin de négocier le rétablissement d'échanges commerciaux avec le grand Velikiistok.
Partir du Bunker 37 pour arriver au Point Zéro, en terme de parcours, ce n'est pas très satisfaisant... Mais après tout, Aleksi peut bien aller où il veut, le personnage
n'est pas assez attachant pour qu'on s'en soucie. Après une ouverture de trois pages "à la 2001 : l'odyssée de l'espace", ce deuxième tome de Bunker s'attaque à un récit mollasson dont on peine à saisir les enjeux : Aleksi et son ami Iosef n'expriment aucune émotion, ni à travers les dialogues ni dans leurs visages ; à peine le premier prend-il la défense du second au milieu de l'album... Pour s'amuser, on cherchera à distinguer les différences entre les visages des deux cases adjacentes de la page 14, ou celles qui peuvent exister entre le Aleksi reposé et paillard de la page 15 et le Aleksi exténué et affolé de la page 41...
Bien que soigneusement réaliste, et parfois réellement esthétique lorsqu'il a la liberté de représenter de larges décors sur une demie-page ou une page entière, le dessin de Gienzanella peine à établir une énergie. Il faut reconnaître qu'insuffler de l'énergie dans un récit qui ne compte aucune scène d'action (et semble d'ailleurs mettre un point d'honneur à les éviter, puisqu'une scène de tuerie est traitée en
ellipse complète) et met en scène des personnages brillant par leur stoïcisme n'est pas un exercice facile. On espère dans ce cas se délecter de dialogues finement écrits, instaurant une tension entre les différents protagonistes. Pas de chance là non plus, les textes se contentent de servir la soupe du récit, oscillant entre le conventionnel et le maladroit : un personnage qui commence par déclarer « vous nous demandez l'impossible ! » avant d'accepter deux cases plus loin, ne peut pas raisonnablement nous convaincre qu'il a mené sous nos yeux une négociation de très haut niveau.
Quant à la dimension fantastique de l'histoire, elle est suffisamment présente pour intriguer mais pas assez pour intéresser. Souhaitons qu'elle prenne plus de place par la suite, car c'est le seul aspect pour l'instant qui paraisse capable de sauver la série de la fadeur...
Pour les amateurs de la série, soyez patients : il reste trois tomes à venir, respectivement intitulés Réminiscences, Carnages et Le mal des montagnes.