8.5/10Bunker - Tome 1 - Les Frontières interdites

/ Critique - écrit par iscarioth, le 16/10/2006
Notre verdict : 8.5/10 - Beauté glaciale (Fiche technique)

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Bunker, prévu en cinq actes, s'annonce comme une très bonne série. Espérons pour Christophe Bec que ce nouveau projet d'envergure saura contenter un large public. Bunker, à en juger par ce premier album, le mérite.

Début des années 2000, Christophe Bec et Xavier Dorison ont connu un très grand succès avec leur série en trois tomes Sanctuaire. Tandis que Xavier Dorison roule très largement sa bosse depuis (Prophet, WEST, Les brigades du Tigre), Christophe Bec, malgré de nombreux projets, notamment avec le scénariste Stéphane Betbeder (Anna, Hôtel particulier) peine à retrouvrer un succès important. Un deuxième tremblement viendra peut être avec Bunker...


A en juger par sa couverture, cette série, lancée dans la collection Empreinte(s) de chez Dupuis semble convenue. Un soldat, du haut d'un pic, devant un décor bleu ciel minimaliste presque informatisé, nous remémore de désagréables albums comme ceux de Pandora Box. Le proverbe selon lequel il ne faut pas juger un livre à sa couverture est finalement parfois à respecter. La lecture révèle une série intrigante, qui renoue avec l'aventure science-fictionnesque de la BD des années soixante-dix. Une montagne, une tribu d'hommes sauvages, des militaires et une force maléfique qui décime. Le baroquisme scénaristique se révèle tout à fait excitant. On commence tout d'abord par remarquer les excellentes planches de Christophe Bec. En premier lieu, le dessinateur impressionne fortement par ses visages. Des visages dessinés de manière millimétrée et réaliste, très travaillés à la hachure, au trait et à l'ombrage. Un travail d'encrage tout à fait remarquable, charismatique et inspiré au possible (le visage d'Iosef Ievtikh symbolise très bien cette force). On remarque ensuite la puissance des paysages sibériens. Montagnes, grottes, décors enneigés et autres blocs militaires, encore plus glaciaux, qui sortent de terre. Le cadre est impressionnant, les personnages graphiquement travaillés, le cadrage et le découpage parfaitement agencés.

Les frontières interdites est un album ferme, qui introduit très bien son sujet. L'ennemi est aussi terrifiant qu'invisible, les militaires que nous observons sont isolés du monde. On devine un gouvernement dictatorial, sinon autoritaire ou collectiviste. La seconde scène introductive nous présente les personnages, à l'aide d'un dialogue artificiel mais efficace. Le narrateur et personnage principal, Aleksi Stassik, dont nous suivons la correspondance écrite avec la famille, est un personnage individualiste et froid, qui se démarque un peu du good bad man habituel. On retrouve les ingrédients qui ont fait le succès de Sanctuaire : le mystère, le huis clos, l'univers militaire. Bunker semble toutefois assez largement différent sur plusieurs autres points et peut plaire aux détracteurs de Sanctuaire. Le mystère visuel se débride en fin d'album et laisse à découvrir une palette horrifique très imaginative et efficace.


Bunker, prévu en cinq actes, s'annonce comme une très bonne série. Espérons pour Christophe Bec que ce nouveau projet d'envergure saura contenter un large public. Bunker, à en juger par ce premier album, le mérite.