8.5/10Branleur(s), ne vous fiez pas au titre, vous passeriez à côté d'une BD sympathique !

/ Critique - écrit par Canette Ultra, le 31/03/2011
Notre verdict : 8.5/10 - Adoles'nantes ! (Fiche technique)

Si le titre peut être mal interprété, le reste est un récit habile de deux Nantais qui rendent un bel hommage à la jeunesse et à leur ville dans un bel album. Ainsi, si l'histoire du retour de Laurent dans sa ville d'origine (Nantes) est simple, elle est traitée suffisamment habillement pour nous séduire.

Oulà ! Je vous vois venir avec vos sourires condescendants ! Un album qui s’appelle Branleur(s), ça donne une compilation de blagues pour adolescents élevé à American Pie et Titeuf. Seulement, quand on y regarde bien, il se pourrait que vous vous trompiez méchamment. Les frères Fradet signent un album, certes masculin, mais qui est aux antipodes d’un recueil facile sur des blagues potaches. Rien que la couverture nous prouve que nous nous trompons. Alors vous allez me dire : « qu’est-ce que l’on trouve dedans ? » et je vais vous répondre que de la part de ces artistes que nous avons découvert dans 13m28, il faut plutôt voir un travail urbain sur l’adolescence. Sans aller jusque dans les tréfonds de l’âme humaine comme dans le livre d’Eisner, nous allons nous projeter dans une histoire simple mais terriblement efficace.


"je marche seul..."
Laurent revient dans la ville de son enfance, Nantes, suite au divorce de ses parents. Il n’a pas revu sa ville chérie depuis près de dix ans et c’est Allan, son ami Nantais qui l’accueille. Bien qu’ils ne se soient pas vus depuis longtemps, les deux jeunes hommes s’entendent vite bien. Allan est le frimeur de la bande, le branleur, tandis que Laurent est en pleine découverte de son nouveau terrain de vie. Entre bières dans un bar et fêtes chez des copains, nous allons découvrir un microcosme adolescent comme nous en avons souvent vu : on traîne, on va à des soirées, on essaie de nouvelles choses, on est blasé de tout. Naturellement, Laurent aura bien une ou deux séquences de plaisir solitaire mais elles ne dureront qu’une case et au final, leur intérêt sera nul. Ce qui nous captivera, ce sera à l’instar de tout bon soap opera, c’est de savoir s’il va avouer ses sentiments à Nadège ou si Allan va ouvrir les yeux.


Je passe dans un tunnel !
L’origine et l’affection nantaise des auteurs se ressentent dans le récit. Les paysages urbains et ruraux sont dépeins avec réalisme et beauté. On ressent la solitude de planter sa voiture dans un champ tout comme on apprécie la convivialité des bars proches de la gare. Certes, le tableau est souvent sublimé mais la solitude ou la frustration est également dépeinte avec le même brio. L’osmose entre les deux artistes est réel et le dessin illustre parfaitement les idées créatives du scénario. Les décors sont détaillés mais semblent dotés d’une vie propre tandis que les protagonistes, toute en exagération physique, dépeignent aussi bien l’ambiance jeune et folle que les doutes et la solitude.

Au final, ce travail des frères Fradet est une très bonne surprise. Le dessin autant que l’histoire nous captive d’un bout à l’autre du récit. Si certaines ficelles sont visibles, elles n’en demeurent pas moins sympathiques. Une suite est à espérer tant l’ambiance et les personnages ont été attachants.


30 kilomètres à pieds !