8.5/10Blandice N°1

/ Critique - écrit par Maixent, le 22/01/2017
Notre verdict : 8.5/10 - Les charmes trompeurs (Fiche technique)

Nouvelle revue érotique

Le 26 janvier débute le fameux festival d'Angoulême, riche en événements dans le monde de la bande dessinée. Au milieu de toute cette foire,  sort le premier numéro de Blandice, "la BD sans dessus, ni dessous qui allie l'histoire de l'art et de l'érotisme."



 

Il est difficile de trouver une nouvelle voie à l'érotisme. On a eu la libération des années 70 à travers des films iconiques telles que Gorge Profonde  ou Emmanuelle, la révolution numérique avec une sexualité accessible à tous et des sites incontournables comme youporn. L'histoire de l'érotisme est marquée par de grands bouleversements, souvent d'ordre technique comme la naissance de la photographie, alliés à une évolution des mœurs et de la société. La bande dessinée érotique a aussi ses grands moments, liés à la censure, à des éditeurs et des auteurs prêts à tout et à des auteurs cultes. Des livres entiers ont été publiés sur le sujet, et ce n'est pas le propos, ce qui est intéressant c'est comment aborder l'érotisme avec ce bagage historique conséquent et apporter un nouveau tournant en 2017 à même de satisfaire un jeune public mais aussi des connaisseurs?

 

Blandine répond à la question par le truchement de l'histoire de l'art. En effet, quoi de mieux que de se replonger dans les classiques, ou même d'aborder des thèmes à priori n'ayant pas un lien direct avec l'érotisme pour mieux appréhender le monde contemporain. Ce premier numéro est donc centré sur l'art nouveau avec un très bon dossier d’Ingrid Liman, dans un style simple sans être simpliste, très direct et offrant des perspectives intéressantes quant aux influences de divers auteurs de bande dessinée. Ces derniers interviennent donc sur le sujet, ce qui est prétexte évidemment à mettre en avant leurs albums. Les intervenants sont ici impliqués et leur présence cohérente, même si la finalité est de donner une visibilité à leur travail, donnant corps à l'article et permettant aussi au lecteur de découvrir des auteurs qu'il pourrait ne pas connaître. Il y a également une partie "dans les bacs" et "prochainement", afin de coller à l'actualité au plus près.



 

On ressent une envie de partage dans l'ensemble du magazine, de mettre en avant tous les acteurs de l'érotisme littéraire à égalité. Et certes, en tant que revue d’éditeur, on sera centré sur les productions Tabou mais pas que.  Ce n'est pas un dossier spécial d'un magazine généraliste qui va nous rabâcher toujours les mêmes noms. Il y a ici une cohérence et une profondeur qui manquait cruellement dans ce milieu. Au-delà du dossier central, on trouvera des interviews d'auteurs récents tels que Manon LeFeuvre, alias Sokie dont le premier album, Narcisse, sortira en mars ou plus installés comme Olivia de Bernardinis. Mais aussi bien sûr des extraits d'albums. Un petit bout d'Omaha qui se promène pas très loin de la mignonne Déesse avant que l'on retrouve l'italienne Mara, trois séries de Tabou en cours de publication. Comme dans tout magazine, il y a aussi des petites choses qui ont leur importance, et qui deviennent parfois une marque de fabrique comme les Sales blagues de Vuillemin ou le Strip-tease de copines dans l'Echo des Savanes. Pour ce premier numéro, ce sera Terry Dodson qui nous apprend à dessiner Coraline dans la rubrique "le tuto des artistes", en espérant que d'autres se prêteront au jeu.

Avec une mise en page efficace et une cohérence de contenu de bout en bout tout en proposant des choses très différentes, Blandine apporte vraiment un renouveau, en espérant que cela puisse être perçu comme tel et que ce ne soit pas là une revue éphémère comme on en a vu tant passer.