8/10Biotope 2

/ Critique - écrit par riffhifi, le 19/09/2007
Notre verdict : 8/10 - Biotope n’est pas un Bioman myope (Fiche technique)

Tags : biotope appollo bruno album tome construction dargaud

Un dessin stylisé et puissant au service d'une histoire efficace et désenchantée : c'est le bilan de ces deux Biotope auxquels on souhaite de rencontrer le succès mérité.

Biotope 2 est le second volet du diptyque de « science-fiction écologique » de Appollo (scénario) et Brüno (dessin), dont le premier opus prometteur était paru en janvier dernier. Le titre ne correspond pas seulement à une simple numérotation des albums, mais aussi à la nouvelle base organisée sur la planète, logiquement appelée Biotope 2. Ainsi qu'au deuxième effet Kiss Cool de l'écologie, qui après avoir affronté la menace humaine, se lance dans les méandres des luttes intestines...

Toussaint, le flic trapu et taciturne de Biotope 1, se retrouve perdu dans la jungle, avec pour tout matériel son couteau et sa b... non, quatre clopes et un flingue. Perplexe quant à l'attitude à adopter, il va se laisser porter de rencontres en retrouvailles, pour réaliser progressivement que l'homme est son propre pire ennemi, quel que soit l'environnement.

© Dargaud
© Dargaud
Contrairement à Biotope 1, ce nouvel album ne traîne pas avant d'entrer dans le cœur de l'action : dès les premières planches, Toussaint lutte avec l'hostilité de la jungle, un milieu en contraste total avec la base spatiale froide et aseptisée vue précédemment. D'une façon générale d'ailleurs, les couleurs sont chaudes, étouffantes presque. Appliquées sans dégradé sur les dessins noueux, denses, quasiment géométriques de Brüno, les couleurs de Laurence Croix achèvent de générer un climat à la fois confortable à l'œil (pas de bavure, une ligne nette et uniforme, l'ensemble rappelle le style naïf) et manifestement oppressant pour les personnages, prisonniers d'un monde compact qui se referme sur eux.

© Dargaud
© Dargaud
Les personnages sont tous des maîtres de l'understatement, Toussaint en tête. Pourquoi articuler deux phrases quand un mot suffit ? La situation extrême dans laquelle ils se trouvent permet d'éviter les débordements verbeux et de se contenter sur quelques images fortes qui font avancer le récit avec fermeté. Les protagonistes expriment leurs sentiments à travers leurs actes, non leurs expressions faciales. D'ailleurs, à de rares exceptions près, le regard des protagonistes ne sont pas visibles (Toussaint peut d'ailleurs faire penser à un mini Bud Spencer, avec ses yeux plissés par la graisse).

La construction générale est à l'image des dessins de Brüno : géométrique. Comme si le passage de l'homme dans la nature générait nécessairement des schémas, des cycles d'action. A titre d'exemple, il suffit de comparer les dernières cases des pages 37 et 41 pour se convaincre que l'histoire se répète, même à intervalles rapprochés.


Un dessin stylisé et puissant au service d'une histoire efficace et désenchantée : c'est le bilan de ces deux Biotope auxquels on souhaite de rencontrer le succès mérité. Bien que le diptyque se suffise à lui-même, on peut toutefois espérer que le duo Appollo-Brüno se reforme pour quelques suites... Ne serait-ce que pour le plaisir futile de pouvoir titrer un article « Au quatrième Biotope, il sera exactement... ».