9/10Bikini Atoll

/ Critique - écrit par Maixent, le 16/03/2016
Notre verdict : 9/10 - Enola gay (Fiche technique)

Tags : bikini atoll marshall iles island image nucleaire

Passer ses vacances sur un ancien site d'essais nucléaires, ce n'est pas toujours une bonne idée...

Bikini atoll a tout du slasher horrifique On est happé dès le départ par cette couverture aguicheuse et un peu ringarde qui pose le sujet sans détours. Jusqu’au choix de la calligraphie du titre qui n’est pas sans rappeler les vieux films d’épouvante.


Ne jamais déranger un insulaire

 

Le récit commence d’une façon très classique avec un bref flash-back  rappelant les essais nucléaires américains en 1946 sur l’île de Bikini puis la présentation attendue des personnages. Neuf personnes sont sur un bateau. Un guide pro jusqu’au bout, sans doute de formation militaire. Son assistant, un natif du coin qui connait l’âme de l’endroit. Deux couples qui vivent des histoires de couple. L’une des femmes est blonde, l’autre brune. Une mère et son fils trisomique. Et enfin, un nerd passionné par les cimetières et autres histoires liées à la radioactivité. Neuf personnes sont sur un bateau. Qui tombe à l’eau ? Ou plutôt qui va mourir les tripes arrachées en premier ?

Chacun a une bonne raison de se trouver là, même cette ombre qui se déplace silencieusement dans les eaux turquoises.  Mais s’il faut se méfier de ce qui s’avérera être un requin exposé à des radiations, il faut d’autant plus faire attention à un homme qui y aurait survécu. Mélange de Leatherface et des dégénérés de La colline a des yeux avec un bras en plus, celui-ci ne se gênera pas pour se débarrasser des intrus qui osent mettre un pied sur son île. Et puis il faut bien qu’il remplisse son frigo…
Ne pas descendre

 

De facture très classique mais efficace, le récit est parfaitement maitrisé. Comme à l’accoutumée dans ce genre, il faut trouver des ficelles narratives cohérentes pour amener ses personnages à différentes actions sans pour autant que le lecteur soit gêné par ces mécaniques. D’abord, créer un cadre. Le guide s’en charge, expliquant le passé, les essais nucléaires, les retombées sur la population. Puis glisser des indices à même de susciter la peur. Une tombe fleurie alors que l’île est sensée être déserte, une cave sinistre d’où émane une odeur pestilentielle. Puis le premier mort, une disparition inopinée dans la nuit qui induit des recherches. Et qui dit recherches dit la formation de plusieurs groupes. Toujours désorienter sa proie et l’éloigner du troupeau. Et quitte à l’isoler autant le faire bien, faire bruler le bateau, seul moyen de quitter l’île. Heureusement qu’il y a le téléphone satellite pour appeler les secours…Si seulement le trisomique n’avait pas joué à le démonter… A partir de là, on glisse dans l’horreur pure.


Le charnier.

 

Le dessin, jusque-là assez neutre, explose. Il y avait bien quelques cases choc comme la première apparition du requin mutant ou encore cette épave à moitié submergée par l’océan. Mais rien à voir avec les images d’épouvante  des viscères exposés à la lumière, des charniers ou des crânes fracassés. La progression du dessin, tout comme celle du récit, contribue à cet aspect horrifique, et le lecteur est vraiment mal à l’aise et inquiet pour ces touristes livrés à un monstre sanguinaire. Heureusement que nous avons droit à quelques poses maillot de bain et sous vêtements, ce qui fait aussi partie du genre. 

Bikini Atoll a vraiment réussi à ingérer tous les codes du slasher première génération. Sans l’humour des neo-slashers ou des tortures porn actuels, il renoue avec les idées de base qui ont fait le succès du genre et ce, avec une efficacité redoutable. La trame narrative est parfaitement maitrisée, entrecoupée de scènes n’ayant rien à voir avec l’horreur mais permettant de mettre celle-ci en avant, comme le choix judicieux d’un personnage trisomique ou l’insistance sur les rapports entre les couples.

Il en ressort un très bon album dans un sous genre souvent peu exploité mais qui a toute sa place dans le monde de la bande dessinée.