2.5/10Beowulf - 1er combat - Grendel

/ Critique - écrit par Danorah, le 07/08/2008
Notre verdict : 2.5/10 - Qui a peur de Virginia Beowulf ? (Fiche technique)

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Un héros super viril et super fort qui se bat à mains nues contre un monstre super méchant et super moche. Non, non, vraiment, ça ne va pas chercher plus loin, je vous assure.

Ex-Libris. Cette collection est aimablement mise à votre disposition par Delcourt, qui se propose de « faire découvrir en bande dessinée les grands textes fondateurs, ceux qui ont marqué et influencé les civilisations du monde entier ». Ouh le vilain monstre
Dont acte : après deux adaptations cinématographiques, dont une mémorable (paraît-il) impliquant un certain
Christophe Lambert, c'est au tour de Beowulf, l'un des récits anglo-saxons les plus anciens qui nous soient parvenus, de passer à la moulinette de l'adaptation en bande dessinée. Objectif atteint : le mythe a bien été réduit en charpie.

Osons les comparaisons hasardeuses. Beowulf est un peu à la littérature de fiction anglo-saxonne ce que les peintures rupestres sont à l'art pictural : des balbutiements, dont l'intérêt tient plus à la valeur historique (immense et incontestable) qu'à leur qualité intrinsèque - du moins mesurée selon nos critères actuels. Heureusement, depuis l'époque des cavernes, l'être humain a fait de gros progrès en dessin, et depuis la fin du premier millénaire (date approximative estimée de l'écriture de Beowulf), il a appris à raconter des histoires un peu plus consistantes que la présente, dont le premier acte tient sur un timbre poste. La légende de Beowulf est en effet articulée en trois parties distinctes, trois combats qui voient le héros (Beowulf donc, un homme dont la principale particularité est d'être doté d'une force incomparable) affronter divers monstres et dragons avec une bravoure et un courage sans limites.

Plouf, plouf...
Le premier combat de Beowulf se déroule contre l'esprit maléfique (mais bien palpable et même plutôt du genre massif) dénommé Grendel, qui terrorise le bon peuple danois en s'offrant chaque soir pour le souper quelques uns des meilleurs guerriers du roi Hrothgar. Beowulf, ayant eu vent de ces malversations, entreprend un long voyage en mer pour atteindre les terres du roi Hrothgar et débarrasser ses sujets de l'infâme Grendel. Après moult péripéties (ah non, aucune, en fait), Beowulf débarque en grande pompe, fait l'objet d'un accueil respectueux, allonge quelques répliques héroïco-viriles pour la postérité, s'installe le soir même dans le palais du roi et y attend de pied ferme le monstre sanguinaire. Lorsqu'arrive ce dernier, un combat sans merci s'engage, à l'issue duquel, évidemment, Beowulf sortira vainqueur (il lui en reste encore deux autres à affronter, rappelez-vous).

Beowulf est grand, Beowulf est fort, Beowulf est courageux, Beowulf est beau (pour peu qu'on soit sensible au physique de bûcheron mal dégrossi), Beowulf est modeste (mais si vous insistez un peu il acceptera avec joie de vous raconter ses fabuleux exploits), et par-dessus tout, Beowulf a la classe (pour les besoins de la cause, on fera l'hypothèse qu'au temps des vikings, cracher au visage de ses détracteurs, fussent-ils méprisables, était une preuve de noblesse d'esprit). La Belle au bois dormant chez les Vikings
Bref, Beowulf sait qu'il est le meilleur et ne se prive pas de le faire savoir au reste du monde. Quel dommage que ses palpitantes aventures soient desservies par un dessin commun et sans grande personnalité, des scènes de combats où l'action est tout bonnement illisible, une colorisation uniformément terne et crépusculaire, et des dialogues convenus et gentiment ronflants...

Dommage, vraiment, car le poème qui sert de base à cette bande dessinée ne méritait sûrement pas une adaptation qui le fasse paraître aussi pauvre et creux. Beowulf, la BD, ne présente aucun autre intérêt que celui de calquer dans les grandes lignes le déroulement du premier acte de cette œuvre historique, sans lui instiller le moindre souffle épique, le moindre sentiment de grandeur, ni le moindre petit vent d'aventure. C'est un héros antipathique et velu, qui se bat contre un gros monstre antipathique et velu (aussi). Et puis c'est à peu près tout. Ah non, j'oubliais, il y a quelques paysages assez jolis.