7.5/10Betty & Veronica - tome 1

/ Critique - écrit par Maixent, le 15/11/2018
Notre verdict : 7.5/10 - Combat de poules (Fiche technique)

Un reboot réussi du monde d'Archie.

Pour comprendre qui sont Betty et Veronica, il faut revenir aux années 40, quand une maison d'édition du nom de MLJ Comics voit le jour. Comme les autres éditeurs de Comics, elle essaye de mettre en avant des super-héros mais jamais n'y parviendra. Par contre, elle fera naître des héros de l'Amérique, populaires, jeunes et bien ancrés dans la réalité dont le plus célèbre est Archie mais aussi Josie et les Pussycats ou Sabrina l'apprentie sorcière. Autour de ce personnage central, petit roux arborant fièrement un Teddy devenu emblématique, va se développer une véritable mythologie et toute une galerie de personnages qui ont maintenant pris corps dans la série télévisuelle, Riverdale.


Veronica

 

Dans cet album qui fait partie du reboot le plus récent de ces héros intemporels, l'auteur s'attarde plus particulièrement sur le lien d'amitié et de haine de Betty Cooper et Veronica Lodge, ces dernières formant un triangle amoureux complexe, sans doute l'un des plus célèbre de la culture populaire, avec Archie, prétexte à de nombreux rebondissements depuis maintenant des années. 

L'histoire nous est contée par Hot Dog, chien appartenant au meilleur ami d'Archie, fumant la pipe et donnant son avis emphatique sur cette guerre des amies qui devient l'événement majeur de la petite ville de Riverdale. Tout commence par une après-midi d'automne tranquille, les autre amis discutent, insouciants, comme à leur habitude, quand soudain, une blague cruelle et inhumaine, une pancarte posée sur la vitre du Diner, chez Pop, dans lequel la troupe partage ses grands moments de vie, annonce : Fermeture prochaine. Toute la ville sera mise à contribution pour sauver ce temple du gras, Betty en tête, mais c'est alors qu'elle se rendra compte que la chaîne de café voulant racheter le Diner appartient au père de Veronica et que celle ci préférera prendre le parti de sa famille. Une guerre sans merci va alors se déclencher entre la Team Betty et la Team Veronica, chacune rivalisant d'ingéniosité pour défendre sa cause, mais est-ce vraiment le cas?
Betty

 

Cette querelle entre anciens et modernes est surtout prétexte à un album très drôle qui va toujours plus loin dans l'exagération et une haine farouche et définitive comme peut l'être le jugement d'une jeune fille de 15 ans. De ce simple crêpage de chignon entre adolescentes, l'auteur en fait une grande cause à défendre quitte à y laisser sa vie, donnant à ses personnages des pauses de conquérants prêts à tout et les croquants comme des boxeurs professionnels. L'humour vient donc de ce décalage mais aussi de la pertinence des dialogues, à la fois badins et investis. Un réel sujet de société est abordé ici, la perte d'identité des villes américaines et une jeunesse prête à se battre pour ses convictions face à un capitalisme tout puissant incarné par le père de Veronica, qui a d'ailleurs l'allure du logo du Monopoly.

Adam Hugues parvient à renouer avec la tradition de Archie, inscrivant ses personnages dans une fausse désinvolture mais sans niaiseries. Qui plus est, son dessin dans le style pin-up mais façon « good girl art » convient parfaitement à ces héroïnes sexy mais aucunement sexualisées qui symbolisent une Amérique vigoureuse et saine. Au final, on évite tous les écueils de la bande dessinée Young Adult, considérant souvent son public comme des décérébrés auxquels on doit servir des albums prémâchés et Betty & Veronica sort clairement du lot par tous ses aspects.

Un album riche, léger, drôle et touchant qui prouve que Archie et sa bande ont encore de grandes aventures à vivre.