8/10Mattéo - Cinquième époque (Septembre 1936 - Janvier 1939)

/ Critique - écrit par plienard, le 20/11/2019
Notre verdict : 8/10 - Un Mattéo à matter (Fiche technique)

Un nouvel album de Jean-Pierre Gibrat !

Si un album de Jean-Pierre Gibrat est toujours un événement, il le doit bien sûr à son dessin, mais aussi à la qualité de ses histoires. Et celle de Mattéo ne déroge pas à la règle. Attendu avec impatience, on suit ce personnage de "pessimiste sifflotant", comme le définit lui-même JP Gibrat, depuis quatre albums. Il aura participé aux grands conflits de son époque - la première guerre mondiale (première époque), la révolution bolchevique (deuxième époque) avec leurs lots de déception et d'écoeurement. Viendra la belle époque et le front populaire (troisième et quatrième époque) qui le mènent à la guerre d'Espagne. On le retrouve ici dans le village d'Alcetria, où Mattéo a pris le commandement d'un groupe d'anarchistes et de communistes, essentiellement parce que c'est lui qui a le plus d'expérience que par réelle volonté de commander. Il organise l'échange entre le curé contre Amélie, prisonnière des franquistes, contre l'avis d'Aneschka. Mattéo se prend aussi d'amitié avec le vieux nationaliste don Figueras, dont ils occupent la maison. Si leurs convictions politiques sont largement opposées, certains sujets plus personnels les rapprochent.


© Futuropolis 2019.

 Mattéo continue de traverser son époque avec une sorte d'investissement désabusé. S'il ressemble en partie à son créateur, on peut regretter que l'album ne se soit pas plus apesanti sur le sort subi par Amélie lors de son enlèvement. On sent bien qu'il s'est passé quelque chose, mais ni Mattéo, ni Amélie ne semblent près à en discuter. Et comme le récit de JP Gibrat ne met pas en avant le conflit espagnol - seules sont indiquées quelques escarmouches - ce sont bien les hommes et les femmes et leurs relations qu'ont suit. Et le conflit semble parfois loin. Reste que d'autres révélations et événements vont subvenir et vont bouleverser Mattéo et le conforter dans son pessimisme et son impression de porter malheur.