Futuropolis : L'Or T1, Energies extrêmes, La Colonne T2, Urban T3

/ Critique - écrit par plienard, le 29/09/2014

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Passé, présent et futur, Futuroplis nous décrit un monde pas joli, joli. Et si ce n’était que des récits imaginaires, ce ne serait pas si grave. Mais malheureusement, la réalité y est bien présente.

L’or, tome 1 – note 6.5/10

Le problème des chercheurs d’or en Amérique du Sud, et en Guyane française en particulier, est loin d’être anodin. Des hommes y perdent leur vie. On est loin d'être dans une version édulcorée de la ruée vers l’or à l’américaine, mais plutôt dans une triste réalité où des hommes se font exploités par d’autres et où les problèmes se règlent à coup de machettes ou de pistolets. C’est d’autant plus révoltant que cela se passe sur le sol français et que les autorités n’ont aucun moyen d’y mettre fin.


© Futuropolis 2014.

Issaïas et son oncle, deux brésiliens, viennent faire fortune en Guyane française, à la recherche de l’or guyanais. Le problème c’est qu’ils ne sont pas les bienvenus. L’or est la chasse gardée des bonis, une ethnie d’origine africaine descendant des esclaves marrons qui ont fuit le Surinam et qui voient d’un mauvais œil l’arrivée de ces étrangers. Après avoir évité plusieurs fois l’affrontement direct ainsi que la gendarmerie, ils se voient obligés d’accepter de travailler pour Lucy, la fille de Maréchal, une sorte de parrain local des bonis.

Un récit de Stéphane Piatzszek assez anxiogène dont on a du mal, il est vrai, à croire que cela soit possible à notre époque. C’est pourtant la triste vérité, même si les dessins de Frédéric Bihel font un peu trop belles cartes postales avec ses pastels et ses paysages amazoniens. On ressent cependant une réelle tension, particulièrement dans le magasin affichant les mains découpées. Cet album est le premier d’une série de six prévus.

 

Urban, tome 3 – note 6/10

Après la jungle amazonienne, on se retrouve dans la jungle urbaine d’un monde futuriste, tirée de l’esprit de Luc Brunschwig sur des dessins de Roberto Ricci et qui revisitent le conte d’Alice au pays des merveilles. C’est déjà le tome 3 et nous sommes quelques minutes après l’explosion qui s’est déroulée dans le parc d’attraction géant de Montplaisir.


© Futuropolis 2014.

Tout le monde reprend peu à peu ses esprits. Monsieur Fool, le directeur du parc, est en pleine déprime. Zachary Buzz se sent responsable de la mort d’un enfant. ALICE, l’intelligence artificielle qui régule tout le parc se met en marche pour retrouver les terroristes. L’intelligence humaine n’a plus sa place. La révolution est en marche.

À l’image de ses personnages qui ont du mal à retrouver leurs esprits, le début de l’histoire est un peu compliquée pour les lecteurs. Tout apparaît dans un désordre total et l’album a du mal à capturer notre intérêt. Pourtant, en même temps que les personnages réagissent, les événements s’accélèrent et on se laisse emporter par l’intrigue. On découvre un monde laisser à l’abandon par les hommes qui parient sur la vie comme dans un simple jeu sans conséquences. Un récit particulièrement pessimiste mais dont une lueur d’espoir pourrait venir de Zach. On espère pour la suite ...

 

La Colonne, tome 2 – note 6.5/10

Retour dans le passé historique de la France coloniale avec la Colonne qui ne glorifie pas notre beau pays initiateur des valeurs des droits de l’homme. C’est ici la fin d’un récit qui avait attiré l’attention bienveillante de pas mal de critiques avec le tome 1, et on découvre dans cette seconde partie la folie de 2 abrutis de militaires complètements halluciné et racistes, le capitaine Boulet et le lieutenant Julien Lemoine.


© Futuropolis 2014.

L’album débute par une première partie assez brutale. Villages exterminés, chasse à la sorcière, le capitaine Boulet et le lieutenant Lemoine sont d’un cynisme assez écœurant. Un cynisme pathologique qui vire à la folie. D’un autre côté, l’armée française, au courant des agissements de la colonne, envoie une armée pour les arrêter. Mais franchement, le colonel Klobb, à sa tête, n’est pas le mieux à même de remplir cette mission. Il est rapidement dépassé par la barbarie des événements. Il en devient même risible tellement il est ridicule. Dans le genre cynique, l’armée britannique peut aussi réclamer la palme. Elle profite de l’incursion sur son territoire de la Colonne pour la laisser la débarrasser d’un adversaire bien encombrant.

Christophe Dabitch et Nicolas Dumontheuil réussissent un diptyque parfait même si la présence de l’esprit malin, typiquement africain, n’est pas forcément bien utile et très compréhensible. Le parti-pris d’introduire un peu d’humour par le ridicule des personnages a ceci de contradictoire qu’il enlève un peu de l’horreur des événements, mais surtout des personnages. On n’ira, cependant, pas jusqu’à dire qu’ils sont sympathiques.

Énergies extrêmes – note 5/10

Connaissez-vous le gaz de schiste ? Connaissez-vous leur mode d’exploitation ? Leurs conséquences sur l’environnement ? Sont-ils rentables ? Est-ce l’énergie du futur ? Celle qui nous donnera l’indépendance énergétique ?


© Futuropolis 2014.

De nombreuses questions se posent quand on parle d’énergie. À l’heure où le thème de la transition énergétique tente de s’imposer à chacun, où les pro et anti-pétrole s’affrontent, le gaz de schiste pourrait apparaître comme la réponse à tous les problèmes. Pourtant, en 2011, la France est le premier pays au monde à avoir interdit la technique de fracturation hydraulique pour son extraction et son exploitation.

Si vous voulez en savoir plus, plongez-vous dans cette BD-reportage de Sylvain Lapoix (l’enquête) et Daniel Blancou (dessins) dense qui vous retrace de 1949 et à nos jours tout l’historique de cette énergie. Vous en découvrirez toutes les faces cachées, toutes les non-vérités et tous les lobbyings. Initialement paru dans La Revue dessinée en trois volets, les éditions Futuropolis nous en propose l’intégralité dans cet album.

Soyons clair, l’album n’est pas super sexy. Il ne va pas vous faire rêver, bien au contraire. Il a, par contre, le mérite de contenir une enquête complète, qui, au début, pouvait faire croire au bienfait de cette énergie avant d’en dresser un portrait calamiteux et d’en montrer l’arnaque. Au final, le livre est contre cette énergie. Mais au moins il l’explique pourquoi.