8.5/10La débauche

/ Critique - écrit par Valentin Pick, le 19/12/2020
Notre verdict : 8.5/10 - Un album fidèle à l'immense talent de Tardi. (Fiche technique)

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"Toute la question est de savoir si ce branleur de Justin sera vraiment efficace sur ce coup-là."

Au zoo Lili s’occupe avec soin de tous ses pensionnaires. Elle les bichonne ses animaux et si besoin ses compétences de vétérinaire apportent un soutient au moindre petit incident. Un matin c’est cependant un incident d’une autre ampleur qui vient semer la zizanie dans l’enceinte du zoo. Un homme s’est enfermé dans une cage laissée vacante avec l’écriteau «Homo sapiens, Chômeur, Europe».
L’affaire ne tarde pas à faire la une des médias. Cet homme triste mange des boites de nourriture pour chien le regard perdu dans le vide. Le miséreux devient l’attraction de la foule qui se réunit chaque jour pour l’observer.
La débauche
Extrait en noir et blanc.
Pour Lili la situation devient anxiogène. Un soir, en quittant son travail, elle s’emporte contre cet homme qui entache la réputation du zoo. La scène est filmée et se trouve diffusée au journal télévisé. Le lendemain l'inconnu est retrouvé pendu à un bras mécanique sur un chantier à deux pas de sa cage. Le compagnon de Lili, Justin, qui est agent de police s’empare de l’affaire et délaisse au passage Lili qu’il tient pour responsable de la mort du pauvre homme. C’est le début des ennuis.La débauche

Quel que soit le scénario, tout le talent de Tardi consiste à offrir un dessin et un découpage d’une richesse incroyable. Les cases regorgent de petits moments de vie ce qui rend les actions secondaires aussi passionnantes que l’intrigue de premier plan. On sent un plaisir certain de l’illustrateur à donner forme aux personnages de l’univers du roman de Pennac. Au passage Tardi avait déjà illustré avec brio plusieurs couvertures des romans de l’auteur. Nous retrouvons toujours cette obsession de représenter avec justesse les laissés pour compte qui jonchent les trottoirs parisien. Ce réalisme des scènes de vie est rarement traité avec cette simplicité percutante dont le trait de Tardi fait office de référence dans le monde du neuvième art.

La débauche
Sérigraphie de Nestor Burma par Tardi.
À mon sens le chef d’œuvre de Tardi demeure l’aventure de Nestor Burma 120 rue de la gare que je peux relire une fois par an sans jamais me lasser. Son travail sur la seconde guerre mondial témoigne également de sa rigueur à mettre le doigt sur la psychologie humaine dans ce qu’elle a de plus sombre. Son travail de documentation sur le sujet de la guerre permet une fidélité remarquable aussi bien pour les uniformes que les armes qui différent en fonction de la période représentée.
Quel que soit le sujet de ses albums, j’aime découvrir ce que Tardi présente sous un trait qui est identifiable entre mille. La débauche restait dans ma bibliothèque sans que je n’ai ressentie l’envie de le lire. Puis un soir j’ai décidé de ne lire que les premières pages pour en connaitre l’ambiance. Je n’ai pas réussi à m’arrêter avant le dénouement.