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2/10Miss Bondie

/ Critique - écrit par Maixent, le 08/08/2021
Notre verdict : 2/10 - Bondage is not a crime (Fiche technique)

Tags : bondie miss chris livres livraison evaluation dynamite

Un témoignage de l'érotisme 80's

On avait déjà abordé l’œuvre de Chris il y a une dizaine d’année à travers la lecture et la critique de Angie, infirmière de nuit. Force est d’avouer que se replonger dans le catalogue daté d’Elvifrance n’est toujours pas un plaisir, même après tant d’années. On se souvient d’Angie comme d’un album poussif, marqué aussi bien dans le trait que dans l’action par un style année 80 qui a très mal vieilli. En redécouvrant Miss Bondie on aurait pu espérer autre chose mais l’on retrouve exactement les même défauts dans ce style empesé et un érotisme passéiste qui enchaîne les scènes sans autre raison que de déshabiller l’héroïne et de la livrer à toute sorte d’individus sortis tout droit des pires clichés même si il est rappelé régulièrement qu'elle aime ça quand même.


Shibari acrobatique

 

Miss Bondie, ou plutôt Doris est une très belle jeune femme, très docile, qui, après la rencontre avec un éditeur devient modèle pour illustrer ses publications pornographiques et espérer ainsi vendre plus grâce à l’image. La collaboration allant bon train et Doris prenant un véritable plaisir à ce nouvel emploi, elle s’oriente vers le métier de comédienne, toujours dans la pornographie, ce qui découle naturellement – les hommes ayant peu à peu connaissance de sa réputation sulfureuse – vers celui d’escort puis de prostituée. Un parcours standard pour un esprit dénué d’imagination et plutôt rétrograde qui ne voit dans la femme qu’un objet de concupiscence destiné à assouvir les plaisirs des hommes. D’ailleurs la couverture est assez représentative avec ces deux asiatiques au regard sournois – inutile d’évoquer le racisme sous-jacent, il est trop évident - qui enserrent cette créature lubrique, figure centrale et objectivée de la scène.
La vie sexuelle de Rumplestiltskin

 

 

S’en suivent des scènes qui s’enchaînent allant toujours un peu plus loin dans la perversion sans pour autant réussir à exciter le lecteur. On aura droit au jeune homme à dépuceler, une petite scène lesbienne, des caricatures arabisantes digne de l’orientalisme le plus stéréotypé et des asiatiques déjà cités qui, comme tous les asiatiques, ressemblent à Fu Manchu et ne prennent leur plaisir que dans la torture… Et bien sûr un nain au sourire sardonique et vicieux…


Version sous-titrée pour les mal voyants

 

Si l’on décide de passer outre cette succession de situations sans grand intérêt et même parfois gênantes, on pourrait tenter de se raccrocher aux dialogues mais ceux ci sont d’une indigence telle que l’on peine dans la narration. Doris détaille absolument tout ce qu’elle fait et ce qu’elle porte, au point que l’on pourrait se croire dans un catalogue de la Redoute, sans doute plus excitant à cette époque. Autant il est souvent regrettable dans les bandes dessinées érotiques de noter une absence de dialogues remplacée par des onomatopées ou des cris d’animaux mais la surconsommation en est tout aussi regrettable. A quoi sert une image si le phylactère juste au dessus décrit exactement la scène que l’on a sous les yeux à part faire un doublon et rendre la lecture moins fluide ?

Le dessin bien que témoin d’une époque est cependant réalisé dans une facture correcte, respectant les proportions et permettant l’identification rapide des personnages. Il y a même quelques cadrages un peu novateurs qui permettent de mieux admirer la plastique de Doris dont le corps est tiraillé en tous sens par les cordes et les différentes attaches. Un plus comparé à Angie qui elle a autant de souplesse qu’une enclume.

Si l’on compare Angie et Doris, le second est un peu plus intéressant bien que publié avant le second. On y trouve un peu plus de fluidité dans le trait et quelques idées sympathiques de bondage. Pour le reste c’est extrêmement plat et parfois pénible à lire et n’offre que le témoignage de ce qui se faisait en matière d’érotisme dans les années 80.