Intégrales Dupuis : Les schtroumpfs n°4, Boulouloum et Guiliguili n°2, Bizu n°2

/ Critique - écrit par plienard, le 14/10/2016

Chez Dupuis, on a un savoir-faire pour les intégrales et c’est un régal pour tous les fans des séries de l’éditeur.


Les couvertures des 3 intégrales - ©Dupuis édition 2016.

 

Les Schtroumpfs – Intégrale n°4 : 1975-1988 – note : 7.5/10

Les Schtroumpfs ont enfin eu droit à leur intégrale et on est déjà au tome 4. On y retrouve les albums parus entre 1975 et 1988, soit les albums 10 à 13 de la série : La soupe aux Schtroumpfs, Les schtroumpfs olympiques, Le bébé Schtroumpf et Les p’tits Schtroumpfs. Quatre albums en 13 ans ! Vous allez dire que c’est peu. Pourtant cette période fut extrêmement productive pour Peyo dont l’univers des petits hommes bleus va grandement s’agrandir avec les films et dessins animés d’Hanna-Barbera et tout le merchandising qui l’accompagne. Une période chargée pour mener tous ces projets au mieux et rendue particulièrement difficile par des ennuis de santé. Le dossier d’Hugues Dayez vous permettra de connaître tous les petits secrets de cette époque.


Les albums repris dans l'intégrale - ©Dupuis édition.

 

La soupe aux Schtroumpfs


©Dupuis édition.

Cette histoire est publiée dans le journal de Spirou (JdS) entre aout 1976 et janvier 1977, pour une édition en album en 1976.

Vous vous en fichez surement (et je vous comprends), mais cette histoire est le premier album schtroumpf que j’ai lu (et relu et relu et relu ...). Il tient donc la place n°1 à mes yeux. Et c’est un des rares albums où le sorcier Gargamel va trouver le village de schtroumpfs tout seul, comme un grand, après avoir parcouru des kilomètres et des kilomètres, et d’avoir pris à droite après le gros chêne au lieu de prendre à gauche avant. Il y retrouvera Grosbouf, une sorte de géant un peu simplet, qui ne sait dire qu’une chose : « j’ai faim » et qui attendait patiemment sa soupe aux schtroumpfs (sur les conseils de Gargamel). Mais le grand Schtroumpf va réussir à remplacer les Schtroumpfs de la soupe par une drôle de potion aux effets inattendus.

Un suspens assez insoutenable (j’en fais trop ?) va parcourir cette histoire où le village devient pour la première fois facilement accessible. De même, elle a ceci d’originale qu’elle met en scène un nouveau personnage à la présence indéniable qui prend plus d’importance que le méchant sorcier Gargamel.

 

Les schtroumpfs olympiques


©Dupuis édition.

Cette histoire est publiée dans le journal de Spirou (JdS) entre juin et juillet 1980, pour une édition en album en 1983.

Alors que le Schtroumpf Costaud s’entraîne à la course de vitesse, on lui faut remarquer que ce n’est « pas difficile de gagner quand on schtroumpfe tout seul ». Cela le fait réfléchir et il décide d’organiser des jeux avec comme récompense... une bise de la Schtroumpfette au vainqueur. C’est donc la cohue pour les inscriptions à l’exception de Schtroumpf chétif qui ne trouve pas d’équipe qui l’accepte. Il va créer sa propre équipe et va accepter un petit coup de pouce du grand Schtroumpf.

Chez les Schtroumpfs, on peut remarquer que ce n’est pas forcément le plus fort qui gagne à la fin. Cette histoire est d’ailleurs une belle adaptation de la fable du Lièvre et de la Tortue de Jean de La Fontaine.

 

Le bébé schtroumpf

Cette histoire est publiée uniquement en album en 1984.


©Dupuis édition.

C’est par une belle nuit où la lune est bleue qu’il peut arriver des choses merveilleuses ! Et cette nuit-là, quelqu’un frappe à la porte d’un des schtroumpfs qui découvre, ahuri, un couffin contenant un bébé schtroumpf. Ni une, ni deux, il s’empresse de refiler le panier encombrant à son voisin qui n’en voudra pas plus. Et cela, de porte en porte, jusqu’à arriver à celle de la Schtroumpfette.

Le mystère de la naissance des Schtroumpfs est ici enfin dévoilé. Et si comme le Schtroumpf à Lunettes vous n’êtes pas complètement convaincus, il faudra vous en contentez. Cette histoire est sans doute une des plus jolies de la série. On voit ce que l’arrivée d’un bébé peut changer pour l’existence des parents. Et ici, pour le coup, le bébé a une centaine de parents pour lui tout seul. Et que sa seule présence révèle des comportements qu’on ne soupçonnait pas chez certains individus, n’est-ce pas Schtroumpf Grognon ?

 

Les p’tits schtroumpfs


©Dupuis édition.

Cette histoire est publiée dans le journal de Spirou (JdS) entre janvier et février 1988, pour une édition en album en 1988.

Alors que le grand Schtroumpf prépare une nouvelle potion, il est dérangé par l’orchestre du village qui répète pour la prochaine fête. Il en fait tomber son sablier qui se casse. Il envoie donc le Schtroumpf Colérique, le Schtroumpf Mollasson et le Schtroumpf Nature en récupérer un nouveau chez le père Temps. Mais en arrivant, les trois Schtroumpfs trouvent une maison vide. Et en fouillant partout, ils se retrouvent enfermés dans une horloge dont les aiguilles tournent à l’envers. Les voilà devenus des p’tits Schtroumpfs.

Cette histoire est un peu le continuum du bébé Schtroumpf. Il est ici question de l’identité, de savoir qui on est et d’où l’on vient. Si les trois p’tits Schtroumpfs ne se posent pas ces questions, ce n’est pas le cas de Sassette, la p’tite Schtroumpfette qu’ils vont créer.

 

Ces quatre albums font évoluer grandement l’univers des Schtroumpfs avec pas mal de nouvelles arrivées (on n’avait plus vu cela depuis l’album La Schtroumpfette en 1967) au travers des histoires principales. Mais de plus petites histoires viennent aussi enrichir tout cela avec un Schtroumpf Robot, un parc d’attraction, le Schtroumpf Bricoleur qu’on découvre avec ses idées schtroumpfantes (une perceuse à abeilles, un pistolet à peinture). Et l’histoire inédite en album du Schtroumpf amnésique.

 

Boulouloum et Guiliguili – intégrale 2 – note : 7/10

Les albums qui sont présentés ici sur cette intégrale ne l’ont jamais été sous le nom de Boulouloum et Guiliguili. En effet, le petit tarzan et son ami gorille vont être renommés respectivement Kaloum et Kong et revenir dans la série Les Jungles perdues. Ce sont bien pourtant les mêmes personnages qu’on y retrouve avec la jeune Pin-up (l’alter-ego féminin de Kaloum), Miss Stevenson, James et Daskary, les braconniers Harry et Joe, Jurgens et ses sbires.

Cette seconde intégrale revient donc sur la seconde vie de Boulouloum et Guiliguili, loin des premiers tomes et très éloigné du genre d’aventures qu’ils vont vivre. Les aventures se font plus fantastiques voire fantaisistes. On a quitté le cadre étroit des méchants ridicules qui tentent de faire du profit dans le commerce des animaux. Si le côté ridicule de leur lâcheté reste une de leur caractéristique, les aventures vont s’élargir sur des thèmes plus larges et ils deviendront partie prenante des mésaventures du jeune Tarzan et du gorille.


Les albums repris dans l'intérgale - ©Dupuis édition .

 

Rapt


©Dupuis édition.

Cette histoire est publiée dans le journal de Spirou (JdS) entre juillet et septembre 1982, pour une édition en album en 1984.

Kaloum et Kong vivent à deux au sommet de leur arbre comme deux célibataires endurcis. Mais un événement inattendu va venir bouleverser leur quotidien. Miss Stevenson leur ramène la jeune fille élevée par des gorilles et qu’ils avaient découverte dans la forêt dans le tome précédent. Elle l’a surnommée Pin-up et a tenté de la civiliser un peu en lui apprenant à parler. Mais la pauvre fille se laisse mourir de faim à petit feu depuis qu’elle a quitté la forêt. On demande donc à Kaloum de l’accueillir afin qu’elle se rétablisse tout en lui apprenant quelques bases du langage. Mais les braconniers Joe et Harry ne sont pas loin et voient dans la petite fille un phénomène de foire qui pourrait leur rapporter gros.

 

C’est sans doute la seule histoire qui garde encore un côté réaliste et fait le lien entre les deux périodes (aujourd’hui, on appellerait cela des cycles), celle des premiers tomes et celle des suivants.

  

Les aventuriers de la préhistoire


©Dupuis édition.

Cette histoire est publiée dans le journal de Spirou (JdS) entre juillet et septembre 1983, pour une édition en album en 1985.

Les braconniers Joe et Harry sont découverts complètement inconscients sur un radeau dérivant sur la rivière. A leur côté, une défense d’éléphant totalement gigantesque est emballée. Dans leur poche, un plan qui semble indiqué d’où ils reviennent. Kaloum et ses amis décident alors de remonter la piste. Mais ils vont entrainer dans leur sillage le bandit Jurgens et ses acolytes qui flairent le bon coup lucratif.

Si un virage évident a été pris sur le genre des histoires, un autre a aussi été pris dans le graphisme. Les personnages de Kaloum et de Pin-up ont gagné en taille. Ils ont visiblement grandi. Le graphisme général a aussi évolué dans un style moins humoristique. On remarquera aussi que le rôle de Joe et Harry s'est considérablement réduit depuis le précédent tome et que ce sera définitif.

 

Les chevaliers de l’enfer


©Dupuis édition.

Cette histoire est publiée dans le journal de Spirou (JdS) entre mars et avril 1985, pour une édition en album en 1986.

Alors que Kaloum sort de sa cabane, il tombe nez à nez avec un chevalier en armure. Tout d’abord surpris, il l’interpelle et voilà que le chevalier le charge. L’assaillant semble pris de folie meurtrière et il faudra l’aide de Jurgens et de sa bande à coup d’explosifs pour calmer ses ardeurs. Mais il est invulnérable car il est un des onze chevaliers de l’enfer et il finit par rejoindre ses camarades au fond d’une grotte. Nos deux héros ne peuvent pas le laisser se balader impunément dans la forêt et ils le poursuivent. Ils sont accompagnés par Jurgens et son équipe, attirés par l’or que porte le chevalier.

Alors que Kaloum n’en finit pas de grandir, le trait de Mazel se fait de plus en plus léger et fin. Ses décors sont magnifiques et on pourra noter quelques clins d’œil à une aventure de Tintin, l’île noire pour ne pas la nommer, avec l’épisode où Kaloum et Kong sont bloqués au sommet d’une tour et qu’ils se protègent en balançant des pierres dans les escaliers.

 

Le péril rouge


©Dupuis édition.

Cette histoire est publiée dans le journal de Spirou (JdS) entre juin 1986, pour une édition en album en 1987.

Kaloum et Kong sont admiratifs devant la beauté de la nature malgré la cruauté dont elle fait preuve au travers de la loi du plus fort. Mais un étrange phénomène met la nature sans dessus-dessous : les zèbres attaquent les lions, un grand singe se prend pour un oiseau, un éléphant se prend pour un fourmilier. L’explication va rapidement être trouvée. Un drôle de bâtiment perdu au milieu de la forêt relâche un nuage de gaz rouge qui intoxique tous ceux qui le respirent en intervertissant leur personnalité.

C’est l’aventure la plus folle, mais aussi la plus drôle de la série. On pourra remarquer le formidable travail de Mazel qui a du recomposer à foison les différentes personnalités de ses personnages et ce drôle de bâtiment qui rappelle le centre Pompidou à Paris.

  

Les épaves ressuscitées


©Dupuis édition.

Cette histoire est publiée dans le journal de Spirou (JdS) entre janvier et février 1987, pour une édition en album en 1987.

C’est une sacrée journée pour Kaloum et Kong. Après qu’ils aient libéré une belle panthère albinos capturée par Jurgens et ses sbires, ils sauvent un bonhomme pris dans un filet de pêche. L’homme est un drôle d’énergumène et est doté de pouvoirs magiques. C’est ainsi qu’il les emmène visiter le fond de l’océan. Malheureusement pour eux, Jurgens et ses hommes (encore et toujours) en profitent aussi pour visiter les épaves et chaparder quelques trésors.  Les gardiens de ces trésors ne vont pas trop apprécier et les conséquences risquent d’être désastreuses pour eux.

Si le début de l’histoire est un poil loufoque, la suite est assez époustouflante avec notamment une bataille navale où Mazel s’en donne à cœur joie, ce qui n’est pas sans rappeler, à nouveau, une autre aventure de Tintin (Le secret de la Licorne).

 

L’espace sidérant est la dernière histoire du duo Cauvin-Mazel et n’a jamais été éditée dans le cadre de la série. Elle est parue dans la biographie Mazel, la passion du dessin, en 2003 et a seulement été publiée dans le JdS en 2008. L’histoire y est totalement rocambolesque avec des pierres qui volent, douées de la parole et d’intelligence. La reine des pierres qui s’est débarrassée de son mari, retient Kong contre son gré car elle adore ses baisers. Pendant ce temps Kaloum tente de reconstituer le roi afin qu’il récupère son trône et mette sa souveraine au pas.

Une drôle d’histoire qui résonne étonnamment aujourd’hui puisqu’elle annonçait, sans le savoir, la fin de la série.

 

Bizu – intégrale n°2 – note : 7.5/10

Ce second volet de l’intégrale Bizu revient sur une période plutôt difficile pour Jean-Claude Fournier après avoir connu les strass de la célébrité en tant que dessinateur de Spirou. Mais après avoir été évincé, avec plus ou moins de tact, l’auteur breton va s’attaquer à donner plus de vie à son héros. Non sans mal et en manque de l’énergie adéquate.


Les 2 albums repris dans l'intégrale - ©Dupuis édition.

 

Le signe d’Ys


©Dupuis édition.

Cette histoire est éditée aux éditions Fleurus en album en 1986.

Une pluie diluvienne s’abat sur la forêt de Brocéliande. Le niveau de l’eau commence à monter dangereusement au point de menacer ker Bizu. Ils n’ont pas le choix. Bizu et son champignon Mukès doivent s’enfuir à bord d’une caisse transformée en barque. Mais la tempête fait rage et ils chavirent sur une île (entourée d’eau) inconnue. Ils y retrouvent Schnockbul et la fée maléfique Keryna. Et malgré ses conseils, Schnockbul tentent de séduire la belle et obtient pour récompense d’être rapetissé. Dans sa folie destructrice – elle est responsable de la tempête provoquée grâce au signe d’Ys qu’elle détient – Keryna prononce la formule interdite ce qui a pour conséquence de faire apparaître les esprits de la forêt qui se vengent en enlevant la sorcière et son prétendant poilu. Si Bizu veut sauver son ami, il doit retrouver le signe d’Ys en forme de pendentif.

 

Le fils de Fa Dièse


©Dupuis édition.

Cette histoire est éditée aux éditions Fleurus en album en 1986.

Après les événements de l’épisode précédent, Schnockbul est resté à moitié petit. Le seul moyen de retrouver sa taille normale est de rappeler les esprits de la forêt avec la formule interdite. Mais Bizu n’arrive pas à la retrouver. Perdant patience et après s’être disputés, Scnhockbul quitte Bizu à la recherche de la belle Keryna devenue gentille. Et alors que Bizu part à la recherche de son ami poilu pour s’excuser, il tombe sur un drôle de personnage, le fils d’un certain Fa Dièse qui a disparu après avoir rencontré les esprits de la forêt.

 

Le grand désordre

Cette histoire fait suite aux deux précédents albums. Totalement inédite, cette histoire a le triste désavantage d’être incomplète. Vous aurez cependant l’occasion de la découvrir ses 35 pages dans cette intégrale.

Au terme de l’album Le Fils de Fa Dièse, le sombre personnage le Blévis noir annonce qu’il va se venger de Bizu qui l’a empêché de se marier avec Keryna. Plusieurs mois se passent avant que des événements anormaux ne se déroulent. Nos héros vont-ils s’en sortir ? Une question qui ne trouvera jamais de réponse.