Dupuis : Les esclaves oubliés de Tromelin, L’héritage des Taironas T2

/ Critique - écrit par plienard, le 08/05/2015

Et si on passait la ligne imaginaire de l’équateur pour vivre des aventures extraordinaires avec néanmoins une part de réalité et de vérité ? Les éditions Dupuis nous en donnent la possibilité avec deux voyages, l’un en Colombie, et l’autre sur l’île de Tromelin dans l’océan indien.

L’héritage des Taironas, tome 2 – note 7/10

On avait quitté Richard de La Ruquerie sur le point de quitter le nouveau monde où il avait participé à l’aventure de la construction du chemin de fer avec son ami Gareth Booth et avec pour projet de réaliser la même chose en Colombie. Mais face à la corruption des élites et le racisme de l’armée contre les amérindiens Kogi, la mission de négociateur de Richard va être compliquée et virée au drame. Cependant, ce malheur était peut-être nécessaire pour faire de lui un meilleur homme.


©Dupuis édition 2015.

Seconde partie de l’histoire familiale du scénariste, François de La Ruquerie : Tiré de faits réels et des histoires ancestrales, on goûte un peu mieux cet album qui complète le premier. Associé à Stéphane Beauverger pour le scénario et Elvire de Cock pour le dessin et les couleurs, on découvre un récit original où le lecteur ne pourra pas discerner le faux du vrai. Du coup l’histoire semble un peu engoncée entre la volonté de rester fidèle à la réalité et celle nécessaire de romancer un peu pour donner un peu plus d’intérêt. Le personnage principal – l’ancêtre de François de La Ruquerie – est en tout cas sympathique et il acquiert une sorte de philosophie positive au contact des indiens Kogi.

 

Les esclaves oubliés de Tromelin – note 7/10

On part, cette fois, dans l’océan Indien, en compagnie de Sylvain Savoia, le dessinateur de Marzi, qui délaisse son héroïne polonaise pour un récit totalement différent mais qui a comme point commun de traiter une réalité historique. Il est question ici d’un événement qui s’est déroulé en 1761, un fait pas très glorieux pour notre nation ...


©Dupuis édition 2015.

Sylvain Savoia accepte de partir pour un voyage tout a fait extraordinaire. Il va accompagner une équipe scientifique sur l’îlot de Tromelin, situé en plein océan Indien, à près de 500 km de la terre la plus proche. Un îlot de sable de 1700m de long sur 700 m de large. Que peut-on bien faire dans un tel environnement ? Quelques mesures météorologiques, bien sûr, mais le gros du travail concernera des fouilles ! Car il y plus de 250 ans, le naufrage de l’Utile laissera sur cette terre inhospitalière 122 membres d’équipages mais aussi près de 90 esclaves malgaches.

Sylvain Savoia, auteur complet de cet album dans la prestigieuse collection Aire libre des éditions Dupuis, a décidé de suivre en parallèle le naufrage et son « aventure » sur l’îlot. Si dans un premier temps, le récit est un peu poussif, surtout en ce qui concerne la partie contemporaine, on s’immerge peu à peu dans ce drôle de parallèle qui n’en est pas un d’ailleurs. Il faut un moment pour comprendre que l’auteur ne compare pas son histoire à celle des naufragés, mais que c’est bien la seconde (le naufrage) qui amène la première (l’expédition scientifique). Les problèmes de nos contemporains apparaissent d’ailleurs si dérisoires devant le gouffre dans lequel se retrouvent les esclaves. Car, à cette époque, nos très chers ancêtres, n’ont pas hésité à abandonner cette « marchandise ».

Si le plaisir des deux récits met du temps à se mettre en place, il faut quand même avouer qu’on envie l’expérience que l’auteur de BD a pu vivre ainsi que la qualité de l’histoire extrapolée de ces esclaves sur l’île.