DUPUIS : 2 albums à ne pas rater !

/ Critique - écrit par plienard, le 11/06/2014

Tags : tome dupuis spirou album histoire editions albums

Le retour de Choc qui précède un possible retour de Tif et Tondu, un troisième album de Spirou par Yann et Schwartz pour un peu plus l’ancrer dans l’histoire, voilà deux bons albums.

Le Spirou de ..., La femme léopard, tome 7 – note 8,5/10


DR.

Le duo Yann-Schwartz n’en finit plus de raconter une aventure de ... Spirou et Fantasio. Ce qui devait être la collection permettant à de nombreux auteurs de donner leur vision de Spirou, de raconter leur Spirou, devient peu à peu une sorte de série parallèle de Yann et Schwartz à la série principale.

Déjà auteurs du tome 5, on les retrouve pour ce tome 7 (qui est la suite du tome 5) et on les retrouvera prochainement la suite annoncée de ce tome. Depuis l’album d’Émile Bravo (tome 4) et son Journal d’un ingénu – très remarqué et apprécié par la critique -, il est vrai que cette collection s’inspire très largement du passé et tente de donner justement un passé à notre héros rouquin.

On retrouve donc Spirou juste après la guerre. De retour au new moustic comme groom, il soigne son chagrin – la disparition de la jeune juive Audrey en camp de concentration – dans les bouteilles. Devenu alcoolique, il n’est plus que l’ombre de lui-même. Il n’hésite pourtant pas à poursuivre sur les toits une femme-léopard qui a attaqué un client de l’hôtel, le colonel van Pragg.

Spirou en prend pour son grade dans cet album. Alcoolique, licencié car il ne correspond plus à la nouvelle image que la direction veut donner à l’établissement, il ne va pas vraiment être le héros de cette histoire. Fantasio lui vole la vedette, mais c’est surtout la femme-léopard qui s’attire la lumière comme pour montrer qu’il y a enfin une femme de caractère et d’importance dans un album de Spirou.

On retrouve dans cet album des personnages historiques comme Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, des allusions à l’impérialisme américain et au Congo belge, des hommages à Art Spiegelman ou Milton Caniff et on reconnaîtra le personnage d’Alan (le second du capitaine Haddock dans Le crabe aux pinces d’or) qui fait des infidélités à la série Tintin.

Bref, un album dense, qui concentre ce que l’on pensait impossible à rassembler, où de nombreux récits – l’alcoolisme de Spirou, le reportage de Fantasio, la petite amie de Fantasio ... – se croisent pour enrichir l’intrigue principale (ramener le couple de statuette en Afrique) et nous offrir un album old school dans la pure tradition lige claire qui lui donne un côté vintage malgré ce brin de modernisme dans le récit.

 

Choc, tome 1 – note 9/10


DR.

C’est agrémenté d’un grand titre CHOC sur la couverture que le premier album sur l’un des pires méchants de la bande dessinée paraît aux éditions Dupuis. Apparu dans le journal Spirou il y a pratiquement 60 ans sous le crayon de Will et la plume de Maurice Rosy, Choc, le maître du crime de la série Tif et Tondu a les honneurs d’un diptyque qui lui est consacré.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il fait honneur à son titre. L’album est en effet un véritable choc. Les auteurs, Éric Maltaite (le fils de Will) et Stephan Colman nous font découvrir l’enfance de Choc, ce qu’il a fait et subi pour devenir ce qu’il est devenu, c’est-à-dire le génie du mal de la bande dessinée. On va comprendre pourquoi il a ce casque sur la tête et la raison pour laquelle il est habillé en smoking.

Riend e véritablement choc vous allez me dire. Effectivement. Ce qui est réellement déstabilisant, c’est la manière dont les auteurs vont nous balancer entre l’horreur des actions terroristes de ce personnage – il fait exploser un aéroport avec des enfants – et l’émotion que peut susciter son enfance difficile – la misère et une mère cuisinière maltraitée par un contremaître –. On découvre que la société s’est façonnée son génie du mal et qu’elle ne peut s’en prendre qu’à elle-même en quelque sorte.

Au travers des flash-back sur son enfance, plus ou moins long, plus ou moins rapide, le récit devient alors complexe. Mais il est tellement prenant (on n’a pas souvent l’occasion d’avoir un tel personnage chez Dupuis) que le lecteur fait des efforts naturellement et avec plaisir. Choc fascine. On retrouve un côté humain qu’on ne lui connaissait pas. Une sorte de docteur Jekyll et M Hyde. Les auteurs le rendent plus riche, avec plus d’épaisseur. On va pouvoir le comprendre, mais certainement pas le pardonner.