Delcourt : Les Métamorphoses 1858 T3, Les 5 Terres T2, Colt & Peppers T1, L'Homme de l'année T16

/ Critique - écrit par plienard, le 02/03/2020

L'homme de l'année - Tome 16 : 1989, l'inconnu de la place Tiananmen - note : 8/10

 Alors que l'on a tout récemment fêté les 30 ans de la chute du Mur de Berlin, qu'en est-il des événements de la place Tiananmen durant le printemps 1989 ? Pour ceux qui ont vécu à cette époque, il reste une image forte, qui orne peut-être encore les chambres des adolescents en rébellion actuels : un inconnu qui se présente face à une colonne de 17 chars d'assaut qui viennent déloger les étudiants résistants depuis plusieurs mois pour plus de liberté et installés sur la plus grande place du monde.


© Delcourt 2020.

 

Lee Lang est revenu en Chine dix ans après le massacre de la place Tiananmen. Etudiante à cette époque, elle avait quitté le pays pour échapper aux représailles. Elle revient maintenant pour se retrouver face à "l'ombre jaune", le chef des services secrets chinois de l'époque, et qui a perdu son fils à cette époque et qu'elle a intimement connu.  C'est une confrontation inédite entre deux mondes irréconciliables que nous proposent de suivre Jean-Pierre Pécau et Gin. Celle du parti étudiant et celui responsable du massacre.

Pour ceux qui aiment les récits historiques, cette série, L'homme de l'année, et ce tome en particulier, devraient combler leur passion. Truffé d'information, les deux personnages se rejettent la faute des événements et l'ombre jaune veut savoir si c'est bien son fils qui s'est présenté face aux chars et surtout s'il a survécu. En personnifiant ainsi les événements, les auteurs nous donnent l'impression d'être au plus près de la vérité et de l'information.

Déjà dessinateur d'un album de la série - tome 3 : 1815 -  Gin confronte deux visions des événements avec la jeunesse incarnée par Lee Lang et la fin d'un monde avec le mourant Sheng mais néanmoins cynique. Gin parvient à faire passer les émotions et les sentiments des personnages avec conviction ce qui donne encore plus d'intérêt à l'album.

 

Métamorphoses 1858 - Tome 3 : Cochliomyia hominivorax - note : 8,5/10

Joseph et Stanislas sont désormais séparés. Le premier est parti inspecter une île mystérieuse en Méditerranée avc Constentenus. Le second s'eSt fait enlever par Aristote. Joseph se met alors en route pour délivrer son ami d'enfance.mais est-il seulement encore en vie ?


© Delcourt 2020.

 Alexie Durand et Sylvain Ferret sont les auteurs de cette série en trois tomes qui aura marqué jusqu'au bout par son intelligence, sa qualité, son originalité et son ambition. Ils réinventent le genre horrifique en le mêlant à style comme le steampunk. Et si le découpage des cases et parfois difficile à appréhender, avec à la fin un double afrontement en superposition, quel plaisir de finir par comprendre. On sent une grande maîtrise, à la fois du scénario, du dessin et de la rythmique dans l'enchaînement.

Un duo qui signe sa première série BD et qui place la barre très haut. On attend vivement leur nouvel album.

Colt et Pepper - Tome 1 : Pandemonium à Paragusa - note : 7/10

C'est une drôle de serie que nous propose ici le duo Macan - Kordey et Anubis aux couleurs. Une sorte de mélange entre conte horrifique, récit historique, et histoire de cape et d'épée. Les auteurs de Marshall Bass et Nous, les morts se sont visiblement fait plaisir pour ce récit étrange autant que décalé.


© Delcourt 2020.

 Le capitaine de la garde, Salomon Culpepper, surnommé "Pepper", arrive bientôt à la retraite. Respecté pour son sens de la justice et fidèle au pouvoir, un évènement va contrarier son avenir paisible. Il va devoir choisir entre la vie de son neveu où celui de son suzerain. Les liens du sang seront plus forts, et il va devoir fuir avec son neveu Colt.

Résumé de cette manière, cela ressemble à un banal récit entre un vieux qui sait tout et un jeune imbécile qui croit tout savoir. Mais les auteurs se sont amusés à introduire des bêtes étranges ou des sorciers. Igor Kordey se laisse même à faire un clin d'oeil à une de ses série best-seller, L'histoire secrète et ses cartes magiques (voir la première planche). C'est à la fois iconoclaste, surprenant et divertissant, on découvre une sorte de conte. Découpé en plusieurs chapitres, ce premier tome nous emmène là où on ne s'y attendait pas.

 

Les cinq Terres - Tome 2 : Quelqu'un de vivant - note : 8/10

C'est un peu la série événement des éditions Delcourt. Initiée par le scénariste tricéphale Lewelyn, et derrière qui se cachent David Chauvel, Andoryss et Patrick Wong, la série doit compter plusieurs cycles, un par Terre, avec six tomes chacun.  Dans ce premier cycle, c'est de la Terre des fauves dont il est question. Ceux-ci sont en pleine cérémonie de succession.


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 Le roi Cyrus est mort et pour ajouter à la tragédie, il a assassiné sa propre fille aînée, Mileria, qui voulait empêcher son cousin Hirus de prendre le trône. Pour cela elle prévoyait de faire un mariage de raison avec le prince d'Amor, du pays des ours. Le belliqueux Hirus sera donc bien le prochain roi, mais la princesse Astrelia veut découvrir qui a trahit sa soeur. 

C'est un jeu de pouvoir, de recherche de vérité et de faux-semblants qui nous sont exposés ici avec un étonnant pouvoir de fascination sur le lecteur. Si le premier tome nous avait déjà réjoui et étonné par ces incessants rebondissements, on ne l'est pas moins dans ce deuxième tome. La cérémonie de couronnement d'Hirus va lui apporter une surprise désagréable. Les recherches d'Astrelia sur le traître va la déstabiliser. Les frères d'Hirus vont réclamer leur part de pouvoir même si le jeune Médérion semble le moins préoccupé par cela. Et que dire des princes et princesses représentant chacune des quatre autres espèces (ours, lézard, gorille et cerf) et retenus à Angleon, la capitale des félins, afin de préserver la paix entre les espèces. Les relations inavouables entre la princesse gorille et le prince cerf ne sont-elles pas choquantes ? Quant à This, ce jeune félin qui a réussi à se faire engager dans la garde, quel est son avenir ? Et des surprises et des interrogations, il y en a encore plein. Un gros travail sur la psychologie des personnages est aussi flagranflagrant, que la caractéristique des félins qu'on peut supposer avec leur côté mystérieux, indépendant et égoïste. Un récit riche que le dessin de Jérôme Lereculey accroît encore plus. 

 


Les couvertures des 4 albums - © Delcourt 2020.