Dargaud : Pucelle, Le monde de Milo T8, Gentlemind T1, Yasmina T1

/ Critique - écrit par plienard, le 02/09/2020

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Yasmina - Tome 1 : Master-classe - note : 8/10

Il y a un peu plus d'an de cela, le 11 janvier 2019 très exactement, Wauter Mannaert nous présentait son héroïne, Yasmina, dans ce qu'on pensait n'être qu'un one-shot. Dix-huit mois plus tard, c'est la même héroïne qui revient pour le premier tome de ses aventures. Et pour être honnête, ce n'est pas pour nous déplaire.


© Dargaud 2020.

 On retrouve donc Yasmina, son papa à qui elle prépare toujours de bons petits plats, ses amis Marco et Cyrille toujours en conflit sur comment faire son jardin. Et après avoir stoppé les ambitions industrielles de Tom de Perre (voir l'album Yasmina et les mangeurs de patates), la voici qu'elle veut mettre en place un cours de cuisine à la place de l'heure d'anglais et un cours de jardinage en lieu et place d'une heure de mathématiques. Un projet fou mais accepté si elle parvient à trouver cinquante signatures pour sa pétition. Et c'est parti pour faire la chasse aux autographes.

Pour faire changer le monde, il faut des personnes motivées et énergiques. Yasmina est de celles-là. Et pour transmettre cette énergie, il faut du talent, et Wauter Mannaert en a à revendre. On a donc tous les ingrédients disponibles pour se régaler.

 

Le monde de Milo - Tome 8 - note : 7/10

Milo, Valia et Sirah sont perdus dans les brumes de la Terre sans retour. Après s'être retrouvés, les voilà revenus à leur point de départ. Sauf que personne ne les reconnaît. Un non-sens puisque nos trois amis ont quitté tout le monde il y a à peine une journée. Et un danger les guette : celui de la Horde, lancée à leurs trousses. Ils doivent à tout prix leur échapper s'ils ne veulent pas finir comme eux.


© Dargaud 2020.

 Déjà le tome 8 pour cette série qui joue sur les codes des mangas shõnen et rappelle les univers de Myazaki. À la baguette, Richard Marazano qui fait grandir toujours un peu plus son personnage de Milo à chaque album. Si la comparaison aux univers de Myazaki est toujours aussi prégnante, c'est au dessinateur Christophe Ferreira qu'on le doit.

Des personnages sympathiques, un dessin de grande qualité, le Monde de Milo est une bonne série qui termine son quatrième cycle avec une lacune cependant. Elle traverse des mondes sans donner de réelles réponses aux problématiques rencontrées. Les héros s'en tirent (je ne crois pas vous spoilers l'histoire en vous le disant), mais n'ont rien résolu. À voir si dans le prochain cycle, nous aurons plus de réponses.

 

Gentlemind - Épisode 1 - note : 7/10

Le scénariste de Blacksad, Juan Diaz Canales, est de retour pour le plus grand plaisir de ses fans, mais pas avec son chat détective. Un récit écrit ici, avec Teresa Valero, qui a en commun d'avoir, elle aussi, fait une série, Sorcelleries, pour Juanjo Guarnido ( le dessinateur de Blacksad).


© Dargaud 2020.

 C'est l'histoire d'une jeune femme sans le sou, Navit, follement amoureuse d'un illustrateur, Arch Parker, pas plus fortuné qu'elle. Mais le manque d'argent et la guerre en Europe à laquelle Arch est envoyé va mettre fin à cette relation. Elle finira par épouser un vieux milliardaire qui en fera son héritière. Mais la famille ne l'entend pas de cette oreille, et elle n'héritera que d'un journal en perdition.

Une histoire sur le rêve américain, vécu par une femme dans un monde où l'homme n'a pas encore accepté de laisser sa place prépondérante. Deux espagnols au scénario et un Italien aux dessins, Antonio Lapone, dont le style se situe entre Serge Clerc et Yves Chaland. Les dialogues sont excellents et l'avocat qui vient à la rescousse de Navit, Waldo, est un fils à papa à l'éloquence aiguë et incisive.

 

Pucelle - Tome 1 : Débutante - note : 5/10

Florence Dupré La Tour revient une nouvelle fois nous raconter son enfance. Après Cruelle en 2016, Forever ma sœur en 2006, place aux souvenirs d'enfance d'une jeune fille à qui on a caché les désagréments qui touchent les jeunes filles à leur puberté, et d'une manière plus générale sur les choses qui touchent à la sexualité. Des non-dits, des secrets, des cachotteries qui provoquent une colère sourde chez Florence.


© Dargaud 2020.

 Chez les Dupré La Tour, on ne parle pas de sexualité, on est plutôt catholiques pratiquants et on reste entre gens de même condition. L'homme a tous les pouvoirs, la femme est soumise et transparente. On est dans un schéma familial classique des années 70 et 80. Une vision que la jeune Florence ne comprend pas et ne supporte pas. Elle vit ainsi sa puberté livrée à elle-même, comme un calvaire horrible, dans le déni et l'incompréhension.

Avec son trait et sa puissance graphique, elle exprime ces souffrances avec énergie et un humour grinçant. Et on ne peut s'empêcher de penser que c'est cette éducation et les frustrations qui l'accompagnent qui ont créé cette artiste au style graphique identifiable.

Si la vie de Florence Dupré La Tour n'est, en soi, pas très intéressante, ce sont bien les messages qui sont transmis tout au long de ce premier diptyque, qui donnent tout le sel de l'histoire. Si l'auteure s'offre une psychanalyse éditoriale, elle offre aussi, aux lecteurs de tout sexe (et oui, les garçons ont leurs petits problèmes sur la sexualité), une catharsis bienfaitrice.

Un album qui s'adresse bien évidemment aux jeunes filles et femmes , mais pas que.

 


Les couvertures des 4 albums - © Dargaud 2020.