5/10La Battemobile - et autres aventures de Batteman

/ Critique - écrit par riffhifi, le 28/11/2010
Notre verdict : 5/10 - Pochep surprise (Fiche technique)

Le justicier de Gottame City a bien des ennuis avec sa voiture... Et par voie de conséquence, avec la vie. Car Robine et lui sont d'une insondable connerie, exploitée au cours de 120 pages de strips sporadiquement drôles, mais globalement lassants.

 

Si on vous parle d'un justicier masqué, qui combat le crime en compagnie d'un ado en collant et fend la nuit au volant d'une voiture truffée de gadgets, vous pensez à... à... ? Non, pas Austin Powers, ce n'est pas un justicier masqué... d'ailleurs, il n'a pas de sidekick adolescent... en fait ça n'a rien à voir, vous êtes con ou quoi ? On vous cause de Batman, le héros de Gotham City, flanqué de cet avorton de Robin ! D'ailleurs, la parodie de Pochep se contente de le renommer Batteman, pas besoin d'avoir fait Polytechnique pour faire le rapprochement. A première vue, l'approche choisie pour pasticher le personnage est aussi séduisante que respectueuse du
matériau d'origine : un format horizontal qui regroupe deux strips noir et blanc sur chaque page, dans l'esprit des comics de Bob Kane dans les années 40.

Humour oblige, Batteman et Robine sont confrontés dès les premières pages à de rudes contingences matérielles : leur voiture tombe en panne, ils doivent louer une camionnette, etc. Le ressort comique est connu mais toujours fonctionnel : confronter le légendaire au trivial, l'iconique au quotidien... Batteman se chope un PV, Batteman fait la cuisine, ouaf ouaf, on ricane. Mais l'album ayant l'ambition de proposer une évolution au fil des pages, il faut bien se lancer dans une sorte d'intrigue. De quiproquo en absurdité, le héros se retrouve dépossédé de son costume par la grosse Lulu, que tout le monde prend pour le vrai justicier. On glisse alors de la parodie vers un humour plus bateau, où chaque gag se justifie par la monumentale stupidité de la totalité des personnages en présence. Au fil des pages, Pochep aligne les pires clichés de l'humour bas de gamme (hihi, c'est une pute, ahah, on voit les fesses de Batteman), et passe la quasi-totalité de l'album à jouer sur la confusion entre les genres : une femme est prise pour un homme, et l'homme pour une femme. Bien qu'on craque un sourire occasionnel devant l'acharnement de l'auteur à enfoncer le clou (les personnages s'en prennent tellement dans la poire que le comique de répétition fait parfois effet), on se demande tout de même s'il ne cherche pas à brouiller la frontière qui existe entre
l'humour non-sensique et la bêtise pure. Les personnages sont tous si bêtes, et les situations si absurdes, qu'on finit par ne plus vraiment s'en amuser. En tous cas, ceux qui espéraient une parodie un minimum éclairée de Batman en seront pour leurs frais : une fois passé les quinze premières pages (sur 120, tout de même) de La Battemobile, il n'est quasiment plus possible de voir le lien avec le personnage de DC Comics, ni avec son univers, ni avec la littérature super-héroïque. On note toutefois un clin d'œil à Spider-man, vers la fin.

Pochep, dont on a notamment croisé les dessins dans L'écho des Savanes, déploie un style plus adapté au dessin de presse qu'à un album complet ; son trait expressif mais simpliste s'avère un peu lassant sur la longueur... à moins qu'il ne s'agisse du scénario ?