8/10Batman - 2007 - L'île de Monsieur Mayhew

/ Critique - écrit par riffhifi, le 20/07/2009
Notre verdict : 8/10 - Mais who did it ? (Fiche technique)

Tags : batman comics panini heros epuise morrison grant

Batman et Robin se retrouvent coincés sur une île en compagnie d'une ligue de super-héros ratés. Mais quelqu'un a mis le meurtre au menu, transformant la réunion de famille en enquête façon Agatha Christie.

Le scénariste Grant Morrison a fourni à Batman un de ses épisodes les plus estimés en 1997 : Arkham Asylum, dessiné par Dave McKean. Dix ans plus tard, après avoir créé la série The Filth, il revient ici au justicier de Gotham avec la complicité d'un dessinateur imaginatif appelé J.H. Williams III.

Mayhew. Si l'on retourne la dernière lettre du nom, on obtient le mot Mayhem, qui
signifie en anglais "destruction, violence". Tout un programme. Il s'agit ici d'un milliardaire excentrique dont Batman et Robin acceptent l'invitation sur une île coupée du monde, où ils retrouveront la "ligue des Batmen" composés d'une équipe de bras cassés du monde entier qui se prennent tous pour des alternatives locales au célèbre super-héros. On se doute que la petite fiesta est condamnée à tourner court rapidement : il apparaît que John Mayhew a été tué par un maboul qui se fait appeler le Gant Noir, et les justiciers piégés sur l'île ont évidemment du souci à se faire pour leurs propres fesses.

Le concept de la ligue de Batmen ne date pas de 2007, mais remonte à 1955, à une époque où DC Comics ne savait pas quoi faire pour exciter ses lecteurs sans pour autant s'éloigner de la galerie de personnages existante. On y croise l'Argentin El Gaucho, l'Italien Légionnaire, les indiens Frère Chiroptère et Petit Corbeau... La même idée de ligue internationale sera reprise trois ans plus tard pour Green Arrow, avec le même succès (faible). Il était donc hors de question pour Morrison de miser sur un quelconque côté "cool" de ces super-héros exotiques
dont la seule raison d'être est d'émuler péniblement Batman ; non, le scénariste malin préfère montrer la déliquescence de ces demi-stars, dix ans après leurs premiers pas : l'un a passé quelques temps en asile psychiatrique, l'autre est devenu obèse... C'est donc une véritable cour des miracles qui anime l'enquête façon « Dix petits nègres », où chacun tente de se faire une place comme "meilleur ersatz de Batman". L'intéressé prend les choses de haut (même graphiquement, il est souvent représenté différemment des autres personnages : en noir et blanc, en ombre, dans des cases séparées en compagnie de Robin), mais ne semble pas forcément plus doué que les autres pour sortir de cette mauvaise passe.

Le dessin se révèle un véritable laboratoire d'expérimentations enthousiastes : profitant de la dichotomie entre l'ancrage 2007 de l'intrigue et son utilisation de personnages issus des années 50, J.H. Williams III se fait un plaisir de truffer ses pages au style moderne et sophistiqué de clins d'œil à l'ancien temps : le logo d'ouverture, les pages en flash-back avec leur colorisation en quadrichromie à l'ancienne... A côté de ces amuseries, il use également d'un découpage ultra-dynamique, où les cases les plus sombres restent toujours lisibles, et confère à l'ensemble une ambiance et une pêche incroyables. Pour un personnage qui fête cette année ses 70 ans, Batman garde la forme.


Batman #667 - The Island of Mr. Mayhew / L'île de Monsieur Mayhew (août 2007)
Batman #668 - Now we are dead / Nous sommes déjà morts ! (septembre 2007)
Batman #669 - The Dark Knight must die / Le chevalier noir doit mourir ! (novembre 2007)