7.5/10Les Aventuriers du temps - Tome 1 - Piégés

/ Critique - écrit par athanagor, le 05/07/2008
Notre verdict : 7.5/10 - Avant tu riais du temps... (Fiche technique)

Chanoinat et Castaza arrivent, avec une histoire à dormir pendu par les pouces, à intéresser leur lecteur en lui proposant ce joli mélange de SF et de polar. Appuyant leur intrigue sur la psychologie des personnages, ils donnent envie d'en voir plus.

Meylin Starck, Dante Sentenza et Laurent Verneuil sont des criminels tout ce qu'il y a de plus patentés, dont la réputation dans leurs branches respectives n'est plus à faire. Insaisissables par les autorités, ils se trouvent néanmoins capturés par le sbire taciturne et body-buildé d'un gamin handicapé de quinze ans, Charles Perkins, fils d'un milliardaire qui a préféré garder l'anonymat, et génie des sciences et techniques appliquées. Pourquoi ce rapt ? Pour obliger ces cadors du crime à poursuivre la nounou psychopathe du gamin, qui s'est appropriée l'une de ses inventions à des fins plus que discutables, ce qui a d'ailleurs précédé de peu son De qui parlent-ils ?
De qui parlent-ils ?
licenciement. En effet, munie d'un dispositif lui permettant de voyager dans le temps, elle se plaît à faire la peau aux grands criminels de l'Histoire. Ce qui en soit n'est pas très grave, car après tout et selon le jeune cerveau, l'Histoire existe déjà et cette folle ne fait que créer des univers parallèles dont on se fout bien. Non, plus important que ça, elle s'est enfuie avec les plans d'une puce qui pourrait permettre à Charles de remarcher. Il souhaite donc envoyer, de gré ou de force, les trois criminels lui casser joliment la gueule et récupérer ses plans. Mais est-ce la seule raison ?

Malgré une couverture un peu pâlotte et franchement peu attirante, une succession de ficelles énormes, visibles à plusieurs miles nautiques à la ronde, un dessin carré et approximatif et un scénario d'une crédibilité équivalente à celle de Paco Rabanne, on se laisse bel et bien prendre dans le déroulement de cette aventure qui a le mérite et l'audace de proposer une intrigue tirée par les cheveux qui se sort de l'ordinaire. On n'y croit pas une seule seconde et pourtant la magie opère, peut-être attendri par cette volonté de proposer de la science-fiction assumée, qui se plaît à fouiner dans le polar.

Volume essentiellement axé sur le travail nécessaire du gamin et de son garde duNounou : 1 - Attila : 0
Nounou : 1 - Attila : 0
corps pour persuader les criminels captifs d'adhérer à son projet, et non à une acceptation par trop facile de ceux-ci, permettant aux auteurs d'avancer un peu pour éviter de faire chier le lecteur, on retrouve disséminés ça et là des éléments qui suggèrent plus qu'ils n'expliquent, et encouragent à penser que tout ça va aller beaucoup plus loin et dans une direction inattendue. En évitant de prendre le lecteur pour un con en lui lâchant toute la sauce d'une seule rasade, on lui montre, avec un peu plus de considération, la psychologie des impétrants, et on en respecte les particularités qui occasionnent tout naturellement les oppositions qui grippent le fil de l'histoire, pour la faire ainsi durer dans un schéma logique, en évitant de résoudre à la va-vite les situations problématiques pour se dépêcher d'aller à la conclusion. Par ce biais, on parvient également à ressentir (et non à se faire expliquer par un joli texte) que certains ont une idée derrière la tête, ce qui en BD n'est pas le moindre des challenges.

Bref aussi surprenant que cela soit, les auteurs avec un dessin carré, mais qui bouge bien, et une histoire qu'on ne croirait même pas si elle était en une de Libération, nous intéressent car ils nous montrent des gens, des presques vrais, avec leurs vices et défauts, leurs qualités et leurs malices, et les placent dans cette intrigue, comme ils l'auraient fait dans n'importe quelle autre, pour nous montrer leurs réactions. Et au final, ça, on y croit et on en veut plus.