7/10Les Aventures oubliées du baron de Münchhausen - Tome 1 - Les orientales

/ Critique - écrit par iscarioth, le 22/09/2006
Notre verdict : 7/10 - Dans la lignée d'un héritage (Fiche technique)

Ce premier tome des aventures oubliées de Münchhausen saura convaincre les amateurs du personnage. Comme on s'y attendait, fantaisie, onirisme et enchaînements surréalistes sont au rendez-vous.

Karl Hieronymus von Münchhausen. Le nom d'un vieux fou, qui se prétend aventurier du globe, et dont les périples rocambolesques nous ont été narrés dans un film de Terry Gilliam (The Adventures of Baron Munchausen, 1988). Voilà ce que l'on connaît du personnage pour ce qui est du cinéma. Le personnage n'a en fait rien d'imaginaire. Il a vécu de 1720 à 1797 et a combattu les Turcs, engagé dans l'armée russe. Les mémoires de Münchhausen, réputé pour son caractère dithyrambique, sont recueillies par Rudolph Erich Raspe, avant d'être remaniées par d'autres écrivains.


Münchhausen est devenu le symbole d'une folie poétique et Olivier Supiot, l'auteur du dernier ouvrage en date sur le personnage, ne déroge pas à la règle. Tout d'abord graphiquement, le baron de Münchhausen est représenté comme dans l'imaginaire que nous nous en faisons tous : un vieil homme grand et mince, la longue crinière blanche, le visage creusé et le regard perçant. Le Münchhausen de Supiot se rapproche de celui de Gilliam mais se fait plus inquiétant, plus pointu, avec un regard piquant, souvent ténébreux. Sans surprise, le baron de Münchhausen nous raconte ses aventures. Il y est contraint par un sultan qui l'a enfermé dans une cage. Les aventures de Münchhausen sont des espèces de rebondissements narratifs frénétiques, des saynètes dynamiques, poétiques voire surréalistes. Bataillant sur son navire contre une invasion pirate, le baron se jette à la mer combattre un monstre marin pour finalement sombrer dans les abymes d'on ne sait trop quoi faire la connaissance d'une nuée de femmes fantômes. Et les saynètes surréalistes s'enchaînent ainsi 56 pages durant.


Pour apprécier ce qui doit être un triptyque, il faudra donc au lecteur accrocher au genre poétique et surréaliste. Si c'est le cas, la lecture de l'ouvrage ne peut être qu'agréable. Supiot maîtrise bien l'enchaînement des plans, l'enchaînement des saynètes se fait sans saccades ni brusqueries. Graphiquement, les planches de Supiot sont très convaincantes. La coloration, à base de peinture, est très agréable à parcourir, avec une présence très forte sur les arrières plans (la mer, le ciel) et gros plans (les détails et rougeurs du visage de Münchhausen). Olivier Supiot sait générer des ambiances et nous faire passer du cadre doré et paradisiaque d'une île déserte à celui, terrifiant, d'une tempête ou d'apparition fantomatiques. Le lettrage, l'épaisseur et le griffonnement des traits et la tonalité des couleurs choisies, se métamorphosent alors en conséquence.

En définitive, ce premier tome des aventures oubliées de Münchhausen saura convaincre les amateurs du personnage. Comme on s'y attendait, fantaisie, onirisme et enchaînements surréalistes sont au rendez vous.