6.5/10Les Autres gens - Tomes 01 et 02

/ Critique - écrit par plienard, le 06/05/2011
Notre verdict : 6.5/10 - Bédénovella (Fiche technique)

Mathilde et Hippolyte jouent ensemble et gagnent au loto mais ne se connaissent pas. Les amis de Mathilde sont Emmanuel et Camille. Arnaud et Stéphane sont ses amants, et Henri et Irène ses parents. Son frère s’appelle Romain et est en couple avec Kader. Faustine est la femme d’Hippolyte. Le feuilleton BD événement chez Dupuis sort enfin dans nos bacs.

Quand un homme interpelle Mathide Islematy pour lui demander de lui donner trois numéros afin de les jouer au loto, elle croit, tout d’abord, à un mauvais plan drague. Pourtant, elle lui donne les chiffres 01, 02 et 03. Enthousiasmé par cette audace, Hippolyte Offman (c’est son nom) lui promet de lui donner la moitié des gains s’il gagne. Il lui donne alors son numéro de téléphone. À partir de ce moment, la vie de Mathilde va changer car elle va gagner 30 millions d’euros. Comment expliquer cela à ses meilleurs amis, ou à son père syndicaliste et anticapitaliste (mais qui réussit l’exploit de travailler au ministère des finances) ?


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Thomas Cadène est à l’initiative du projet Les autres gens. Le concept ? Des épisodes quotidiens sur les aléas de la vie de Mathilde et de ses proches afin d’en faire une sorte de feuilleton sur le web et dessinés par des artistes différents. Pour l’année 2010, 1400 pages de bandes dessinées ont été créées. Se suivant de façon plus ou moins harmonieuses, les pages nous montrent différents univers graphiques et nous présentent des auteurs plus ou moins connus : de Bastien Vivès (), à Kris ou Vincent Sorel en passant par Tanxxx, Chloé Cruchaudet... (Vous retrouverez la liste exhaustive des auteurs à la fin de cet article)

Les éditions Dupuis ont entrepris de donner une forme physique à cette entreprise virtuelle. Deux tomes parus en Avril et Mai 2011, de 224 pages chacun (le tome 03 est prévu pour Août 2011) pour tenter de donner un impact plus large à ce feuilleton qui est entre le roman graphique et le manga : le roman graphique pour le graphisme utilisé et dessin ; le manga pour la rapidité de parution et le mode de travail. Si le concept peut surprendre, voire faire peur, il a le mérite de taper juste dès le début. On ne peut pas aimer tous les graphismes proposés, bien au contraire. On peut aussi douter de l’efficacité du dessin à proposer des graphismes différents. Pourtant chaque épisode commence par une page de présentation des personnages dessinés. Loin d’être répétitif et rébarbatif, cela a le mérite de permettre au lecteur d’appréhender chaque personnage et à ne pas rechercher qui est qui (les graphismes pouvant être très différents).


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À la fin du premier tome, on est assez enthousiaste : Histoire riche en rebondissement, personnages intéressants. Si on suit le choc (psychologique) de Mathilde et sa manière (inconsciente) de s’éloigner de ses amis et de sa famille, on suit aussi tous les personnages secondaires qui l’entourent. Emmanuel, l’ami secrètement amoureux de Mathilde, est un looser perpétuel dans ses relations avec les filles. Il y a Arnaud, le beaux gosse qui se les fait toutes, Camille la super copine, romain le frère homosexuel de droite, le père anticapitaliste... Toute une série de personnages qui doivent faire le grand écart entre ce qu’ils sont et ce qu’ils voudraient être. On a aussi Hippolyte et sa femme Faustine qui veulent se débarrasser de l’argent on ne sait pour quelles raisons.

La seconde partie est déjà moins enthousiasmante. Malgré quelques bons passages, on a l’impression que la vie de Mathilde et de ses amis se résume à des histoires de culs réussies ou avortées. De même, on comprend mal la soudaine hystérie d’Hippolyte et Faustine. Semblant être très zen et en harmonie, et avoir énormément de recul face aux événements, ils sont, dans le second tome, plus stressés et en conflit permanent. Et au final, seule la relation entre Irène et Henri, les parents de Mathilde, attise un peu l’intérêt.

Contrairement à ce qu’on aurait pu penser, les graphismes différents ne nuisent pas à la narration. On a plus l’impression que l’auteur tente d’étirer son sujet un peu trop. Une autre question se pose aussi, c’est pourquoi ce titre ? Car, enfin, chacun des personnages ne pense qu’à lui. On aura peut-être la réponse dans le prochain album au mois d’août.


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