Un Automne à Hanoï
Bande Dessinée / Critique - écrit par iscarioth, le 21/08/2006 (
Le carnet de voyage, c'est un genre à part entière. On connaît l'attachement de certains dessinateurs à un pays ou une région du monde en particulier (Jacques Ferrandez et le Maghreb, par exemple). La plupart des auteurs voyageant, en profitent pour nous rapporter leur expérience. On se souvient par exemple du très bien titré Un américain en balade de Craig Thompson, rapportant le voyage au Maroc et le dépaysement complet de l'auteur de Blankets. Si le fond des albums de voyage est toujours richissime, la forme est parfois lourde, les auteurs hésitant souvent entre le récit illustré et la véritable bande dessinée articulée. Clément Baloup, lui, avec Un automne à Hanoï, ne semble pas hésiter une seconde.
On s'adapte très vite à la narration de Baloup. Le dessinateur raconte son séjour de deux mois à Hanoï. Les planches sont muettes. Rien ne sort directement de la bouche des personnages, les dialogues et la narration se créent par l'enchaînement des cases dessinées muettes et des passages écrits. Malgré la formule, le rythme de lecture est bon et Un automne à Hanoï ne donne pas l'impression d'être un roman illustré. La couleur directe et une riche palette de tons donnent au lecteur d'agréables sensations de lecture. Pour ce qui est du contenu narratif, Clément Baloup fait le va et vient entre expérience personnelle et reportage. Baloup introduit et conclue l'album par un constat sur le Vietnam d'aujourd'hui, qui s'est largement occidentalisé et converti aux lois du capitalisme, mais qui demeure marqué par un passé d'idéal communiste et de guerres encore très visible dans le décor (les statuts réaliste-socialiste, l'architecture coloniale). Plus au coeur du livre, Clément Baloup se rapproche du lecteur par des considérations plus personnelles. L'auteur se montre irrité par des touristes américains qui se conduisent soit comme des philistins, soit comme des empereurs en terre conquise. Le récit change parfois aussi de sujet, et Clément passe la parole à Hoa, une jeune vietnamienne qui nous rapporte certaines expériences ayant marqué sa vie.
Entre témoignage et reportage, Un automne à Hanoï est une belle aventure humaine, qui se parcourt rapidement et avec facilité. On reste cependant un peu sur notre faim, après quarante-sept petites pages, tant les personnages découverts donnaient envie d'être plus développés encore.