9/10Auto bio* - Tome 1

/ Critique - écrit par Maixent, le 21/04/2008
Notre verdict : 9/10 - Bio Man (Fiche technique)

Drôle, engagé, contemporain, graphique, que demander de plus à Cyril Pedrosa pour son excellente Auto Bio Graphie bobo à lire absolument en terrasse ou dans le Quercy ?

La Bd écolo n’est pas une idée originale. De toute façon, "écolo" est devenu un mot fourre-tout dans lequel on retrouve pêle-mêle de la politique, un concept branché, de grand mots comme "Conscience citoyenne", le ramassage des crottes de chien avec des sacs plastiques mis à votre disposition, l’utilisation du Velib’ (d’ailleurs  comment les Velib’ remontent-ils en haut de la butte Montmartre si ce n’est chargés par de gros camions polluants ? ), le tri des déchets etc. Bref, le bio et l’écolo font partie intégrante de notre vie, que nous le veuillons ou non.
Mais être écolo c’est surtout un art de vivre, qui frise parfois l’aventure et le danger. Nouveau combat engagé de notre siècle, être écolo n’est pas chose facile. C’est en tout cas le propos de
Cyril Pedrosa dans Auto bio.

Le récit est autobiographique, ou pas, ce qui compte c’est qu’il parle à tout unPortrait de l'artiste en vélo
Portrait de l'artiste en vélo
chacun, aussi bien les écolos que les anti-écolos, les bobos et anti-bobos. Le héros de l’album est un père de famille arborant fièrement son bonnet péruvien issu sans doute du commerce équitable, tressé à la main par un berger du Quercy qui aime s’ébattre joyeusement dans les pâturages en compagnie de ses amis les moutons.

Père responsable, il tente d’inculquer à ses enfants les saintes valeurs de l’écologie, ou l’art d’empêcher ses deux garçons d’utiliser une bombe de laque pour ressembler au chanteur de Tokio Hotel. Ce qui est plus qu’écologique, indispensable.
Epoux émérite, il est prêt à amener la voiture au garage sans rechigner (ou du moins très peu, et c’est peut-être aussi ce problème de ne jamais savoir dire non) ou à s’occuper du côté obscur des courses en allant au Super U.

LA question existencielle
LA question existentielle
On se retrouve dans ce personnage attachant, sorte de Don Quichotte en lutte contre les moulins nucléaires et le désherbant chimique. On peut observer à travers le prisme de la bd une réalité sociale que l’auteur traite avec humour, riant aussi bien de lui-même que de ses contemporains.
Mais surtout, Cyril Pedrosa conserve un ton à la fois acide et bienveillant tout au long de l’album, ce qui lui confère une drôlerie originale et un véritable intérêt pédagogique. Qui pourra dire s’il faut « vraiment enlever les putains de bouchons des bouteilles en plastique pour les recycler ? ». Il pose les vrais questions d’un siècle en perdition, d’une société en mal de repères. Etre bobo ou ne pas être ?  Les saucisses cocktails sont-elles moins nocives cuites à la vapeur ? Quand est-ce qu’on rentre (du Quercy) ?

Un album tout en finesse servi par un trait à la fois moderne et vigoureux quiLa délicatesse de Tokyo Hotel
La délicatesse de Tokio Hotel
s’adapte parfaitement à l’humour de l’auteur. Des touches de couleur qui mettent en relief certains détails croustillants (à trouver, un âne criant de vérité derrière la clôture).
Des tranches de vie garanties sans OGM pour une réelle poilade comme on dit chez Fluide.


PS : Où jette-t-on « l’autocollant facilement détachable » qui apparaît sur l’album, rappelant que Cyril Pedrosa est aussi l’auteur de l’excellent Trois Ombres chez Delcourt, un essentiel d’Angoulême ?