8/10Les Arcanes du Midi-Minuit - Tomes 1 à 5

/ Critique - écrit par Xalcor, le 21/05/2007
Notre verdict : 8/10 - A la bonne heure (Fiche technique)

Tags : midi minuit arcanes affaire tome soleil jean

Les Arcanes... est une série fort sympathique, qui ne révolutionnera pas la BD, mais qui reste originale par son format d'enquête et son univers, ni SF, ni Fantasy, assez peu représenté finalement.

Synopsis

Nous sommes à un siècle quelconque, dans un univers qui n'est pas le nôtre, et
dans un pays qui n'a que peu d'importance, mais qui est quand même gouverné par un roi (les observateurs les plus hardis en auront déduit que le pays est un royaume). Ledit monarque se doit de faire respecter la loi et l'ordre, un minimum tout du moins, dans son fief. C'est pour cela qu'ont été créés les services secrets du roi. Ils sont chargés de résoudre toute affaire sur laquelle la (relativement) inefficace police se casse les dents. Et, dans ces services, se distingue un crack, un élément de choix, Jim McKalan. Durant ses (nombreuses) enquêtes, sa cousine, la charmante Jenna, l'assiste, voir fait plus que l'assister. Enfin... si on peut appeler cela comme ça. Parce que pour la photo qui paraît dans le journal, impossible d'avoir les deux à la fois. Un passe, mais pas deux ! Plus insaisissable qu'Albert le 5e Mousquetaire. En réalité, ils ne possèdent qu'un corps pour deux, et peuvent, grâce à des miroirs, prendre la place l'un de l'autre, tout en conservant chacun une personnalité et une vie qui leurs sont propres.

La série : qu'elle est-elle donc ?

Les Arcanes (vous comprendrez qu'il n'est pas question de lune noire ici) nous emmènent dans des intrigues alternant enquête policière, et action, bien sûr. Tout celà dans un univers Steampunk original, que l'on pourrait situer à la fin de notre XIXème siècle, voire au début du XXème, s'il fallait trouver un équivalent. Pas de lasers, pas de vaisseaux spatiaux, mais des pistolets, et un peu de surnaturel.
Chaque tome propose une histoire lisible indépendamment des autres, une enquête policière complète. L'intrigue autour du mystère entourant Jim et Jenna se dévoile elle tout le long des différents ouvrages, chaque album contribuant à soulever un peu le rideau.

Les personnages

02_250Jim McKalan : le héros masculin. Il est grand, il est beau, il est mal rasé, il a les cheveux longs, la panoplie du petit détective qui a perdu son chapeau (oui, il a aussi un imper la plupart du temps). Tempérament plutôt impulsif, il est la pièce maîtresse des services secrets du roi. A l'occasion, il est doublé d'un homme d'action accompli.

Jenna McKalan : La charmante (on est chez Soleil, quand même) héroïne. Calme, charmeuse jusqu'au bout du vernis à ongles, mais aussi très professionnelle, Jenna est officiellement une horlogère de talent, aux robes souvent échancrées (on est chez... ah nan, je l'ai déjà dit), mais jamais vulgaires. La classe féminine. A, tout comme son alter ego Jim, tendance a foncer tête baissée dans la gueule du loup, comme tout héros qui se respecte.

Beltran : Je n'irais pas jusqu'à dire que Léo Getz l'a inspiré, parce que parfois, il sait se rendre utile, mais quand même. La touche "comique de situation" du groupe, un petit homme curieux, provocateur de catastrophes et toujours souriant.

Fernand : Le narrateur, un vieil homme dont le cerveau marche mieux que les jambes, et qui intervient parfois dans les intrigues. La voix des sages, comme dirait l'autre.

Marnie : Une charmante (...) jeune femme, membre du bureau royal, et courtisée par Beltran, qui assistera aussi Jim et Jenna dans leurs enquêtes.

La critique (les deux, au fond, qui ont dit "Ah bah enfin !", vous sortez !)

Commençons par le graphisme. C'est très coloré, assez fin, et, comme souvent, ça gagne en confiance lorsque la série avance. Cela permet de créer un univers à la fois plausible et original, et York City n'a par beaucoup 03_250d'aspects rien à envier à notre belle ville de Paris au début du siècle dernier.
Les personnages sont très marqués, chacun possède sa personnalité propre, et le rendu des émotions est très correct. Cyril Trichet est un nom qu'il va falloir retenir. J'oserais la comparaison avec Alessandro Barbucci, bien que le style Trichet soit moins lisse et joue moins sur les tons de couleur.
Pour en venir aux personnages féminins, notez que même si Jenna est, of course, tout comme Marnie d'ailleurs, un top model, elle n'est pas vêtue des deux bouts de tissus qui constituent la marque de fabrique de l'éditeur. Non, elle porte des robes élégantes, qui la démarquent d'autres héroïnes Soleilliennes qui doivent se cailler les miches dès qu'il y a un coup de vent.

Je continue donc logiquement avec l'aspect "traitement de la psychologie". Du bon et du moins bon. Des héros un rien trop héroïques, et manquant parfois des défauts qui font leur charme (quoique...), mais un comique de situation constamment renouvelé, et essentiellement fondé sur l'alternance Jim/Jenna et les excuses inventées par l'un et l'autre pour justifier la disparition subite du partenaire. Quelques très bons moments.
Le comique, parlons-en. C'est très inégal, le tome 5 par exemple étant assez moyen à ce niveau. Ca reste correct, car le langage s'accorde bien au niveau graphique des personnages. Mais c'est lourd par moments. Cela reste cependant un détail, car le plus important c'est...

04_250Le scénario. Il faut aimer, et moi, j'aime beaucoup. Le format choisi est un album=une enquête. N'attendez pas le machiavélisme d'un Grangé ou la recherche d'Agatha Christie, l'univers et le surnaturel biaisent en partie la complexité des intrigues. Elles demeurent quand même cohérentes, et très distinctes les unes des autres, chaque tome étudiant une affaire totalement différente des autres.

Mais ce qui compte, c'est que finalement l'osmose entre ces trois points se fait de très bonne manière. Les Arcanes... est une série très cohérente, très plaisante à lire, de quoi passer un bon moment sans réflexion métaphysiques ultérieures complexes. Les scénarios, sans atteindre des merveilles de machiavélisme, sont passionnants à suivre, point trop capillotractés ni cheveusurlasoupiens.

Les albums sont assez homogènes. Chacun y trouvera son enquête préférée, ou au contraire celle qu'il apprécie moins. Le Nalta P312 (I) traite d'un monstre, la ligne 11 (II) de phénomènes paranormaux, tout comme le tome V, Sylvak (à chaque fois, il faut rajouter "L'affaire" devant pour avoir le titre, par exemple "L'affaire" Sylvak. C'est pas beau ?), Colossos (III) a pour sujet un tueur de femmes et le Oungan (IV) l'apparition de morts-vivants. Plutôt éclectique, comme vous pouvez le voir.

La conclusion

05_250La conclusion est d'abord qu'il faudra surveiller la progression de Trichet dans le milieu de la BD, Gaudin, lui, a déjà fait son trou (Marlysa...). Son graphisme à la fois précis, dynamique et haut en couleurs est une merveille pour les yeux, et pour une fois qu'on en trouve un qui fait des jolies filles bien habillées, il faut y faire attention.
Ensuite, la seconde conclusion est que Les Arcanes... est une série fort sympathique, qui ne révolutionnera pas la BD, mais qui reste originale par son format d'enquête et son univers, ni SF, ni Fantasy, assez peu représenté finalement. Une découverte à tenter. Malgré l'éditeur et les à priori qu'on peut avoir dessus, c'est une très bonne série.


Tome 1 - L'affaire du Nalta P312 (2002)
Tome 2 - L'affaire de la ligne 11 (2003)
Tome 3 - L'affaire "Collossos" (2004)
Tome 4 - L'affaire du Oungan (2005)
Tome 5 - L'affaire Sylvak (2006)