2/10Apple et Lemon

/ Critique - écrit par Maixent, le 18/11/2011
Notre verdict : 2/10 - Pressés... (Fiche technique)

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Un ersatz de Titeuf qui ne vole pas bien haut et même si l'on comprend la volonté de l'auteur, il ne parvient pas vraiment à nous faire rire...

Les éditions Tabou sont sans doute à l’heure actuelle les plus innovatrices en matière de bande dessinée, prenant des risques et ne se limitant pas à un seul style. Conscientes que l’érotisme est multiple, elles proposent d’aborder le thème par de multiples voies, que ce soit le biais de la science-fiction, de la pornographie ou encore de la douceur. Ici c’est l’humour qui est mis en avant, dans la mouvance d’un Titeuf connu pour son franc-parler enfantin. Bien loin des considérations métaphysiques d’un Calvin discourant avec son tigre Hobbes ou des études géopolitiques et sociétales d’une Mafalda, nos deux gamins sont ici deux purs obsédés un peu limités et leurs discussions n’ont qu’un sujet, le sexe.

Depuis Titeuf donc, on sait (même si on s’en doutait un peu et que Freud a été là pour le théoriser) que les enfants ont une sexualité qui s’épanouit tant bien
Tög Fule?
que mal jusqu’à l’adolescence et son lot de frustrations libidinales. Pour tous ceux qui n’auraient pas lu Freud, Tronchet aborde aussi le sujet dans la Jeunesse de Jean-Claude Tergal et apporte toutes les réponses aux questions que nous ne nous sommes pas posées comme comment faire l’amour avec un sachet de nouilles et gérer des pulsions incontrôlables le visage ravagé par l’acné. Il est notoire que le passage de l’adolescence et son lot de questions concernant l’autre sexe font légion, d’où un florilège d’albums abordant le thème avec plus ou moins de réussite. Et si les mésaventures d’Apple et Lemon ne sont pas un échec, il est difficile de voir l’album comme autre chose que ce qu’il est, soit une suite d’histoires simplettes et pas vraiment efficaces qui n’apportent pas grand-chose.

L’auteur dit avoir voulu retrouver ce qui lui plaisait dans les vieilles bandes de Crumb mais même en cherchant bien, il est difficile de voir un quelconque corolaire entre le pape de l’underground à l’Américaine avec son trait reconnaissable entre mille issu d’une longue gestation et des blagues de potache qui font à peine esquisser un sourire mises en dessin avec un trait tremblotant. Là où Crumb a su explorer névroses et fantasmes, en s’inscrivant dans son siècle et avec un véritable engagement artistique, Nicoby ne fait que
En attente de la condensation
survoler un univers en essayant d’y placer des blagues à la limite de la vulgarité et sans aucun contenu.

Puceaux frustrés et boutonneux, Apple et Lemon sont hantés par la question de la sexualité qui contrôle leur vie et les place dans des situations douteuses de fétichistes dégueulasses ou de voyeurs. Non pas que les fétichismes ne puissent être un sujet humoristique mais ici c’est plutôt de la moquerie gratuite, en tout cas, cela apparaît comme tel tant cela manque de fond. On aura donc droit au vol de string, aux douches des filles, haut lieu de fantasme pré pubère, mais aussi à des pratiques plus improbables comme lécher la condensation sur la vitre du vestiaire pour s’imprégner de la sueur de ces même filles.

Du propre aveu de l’auteur, il se base sur le rire de ses potes pour savoir si ses histoires sont bonnes ou pas mais ce qui fait rire dans l’intimité n’est pas forcément une réussite en dehors de ce cadre et nécessite un travail plus approfondi pour dépasser la soirée barbecue arrosée dans laquelle les grivoiseries sont toujours plus drôles. Un album dont on peut aisément se passer et des bandes qui étaient plus efficaces lors de la prépublication dans Psikopat.