4.5/10Antigone

/ Critique - écrit par Canette Ultra, le 25/12/2010
Notre verdict : 4.5/10 - Gone baby gone ! (Fiche technique)

Tags : antigone creon oedipe sophocle polynice piece jean

Malgré des décors extérieurs chatoyants, Antigone se perd en réflexion pour finalement ne pas faire grand chose pour changer son destin.

Antigone est l'une des nouveautés de Manolosanctis du mois de décembre. Derrière ce titre ne se cache pas une énième version classique de la fameuse tragédie. En effet, Maud qui est l'une des artistes bien connue de la maison d'édition (13m28), nous livre sa vision d'Antigone. Ainsi, si l'aspect tragique et l'aspect théâtrale demeure, nous allons découvrir un univers bien à part : l'adolescente.

L'aventure intérieure.
L'aventure intérieure.
Antigone est une jeune fille comme beaucoup d'autres : elle glande sur le bord de la piscine et rêve d'ailleurs. Ses rêveries et son attitude passive au bord de l'eau ne sont qu'une illusion puisqu'intérieurement, les multiples facettes de son être et de l'humanité vont se livrer une bataille aussi coquasse que tragique. Ce sera d'ailleurs, la principale source de dialogue et d'action du récit puisqu'Antigone fait assez peu de chose extérieurement. Les scènes « d'extérieur » servent donc, à l'instar des actes du théâtre, à introduire de nouveaux personnages ou bien à en faire disparaître. Par conséquent, nous allons découvrir l'Antigone qui rêvent, évoluent, désire dans une valse de questionnement qui sera nourrit par l'héroïne mais également par les autres protagonistes. Ces derniers seront l'enfance, l'amour, la mort, la conscience, le désir, la réflexion. Chacun aura une forme propre et sa propre façon (extrême) de parler. Ainsi, l'enfance aura tendance à s'exciter ou pleurer facilement tandis que l'amour sera une pile électrique toujours prompte à se frotter aux autres. Toutefois, il faudra reconnaître que cet enchaînement d'idée et de réflexion ne se fera pas sans une certaine violence. En effet, il est assez difficile de rentrer de but en blanc dans le récit et même l'en ayant déjà lu, nous ne sommes pas certains d'avoir tout compris. De plus, les personnages finissent par être tellement fataliste devant un destin qu'il juge inéluctable, qu'ils sont un peu désespérants. Antigone ne sera pas en reste car la jeune fille passe le plus clair de son temps à ne rien faire de manière presque lascive en attendant la mort. Le décor se prête volontiers à une ambiance Bossa Nova mais il ne se passe pas assez de chose dans ce lieu pour véritablement le savourer.


"Elle s'ennuie !" dixit Gérald De Palmas.
En effet, le graphisme nous laisse un goût amer. Si les scènes de piscines sont agréables, elles sont rares. Quasiment tout se passe dans la conscience ou un monde réflexif dans lequel Antigone évolue véritablement. Mais ce monde est une page blanche. Même en admettant une certaine forme de métaphore, lire des dialogues complexes sur une page blanche sur laquelle bougent des personnages microscopiques est rébarbatif et déprimant. Ce constat est d'autant plus vrai que rappelons-le, l'artiste nous livre un personnage et un décor intéressant avec la piscine.

Antigone est donc une histoire qui est peut-être trop complexe pour être traiter de la sorte. Le lecteur est perdu dans des pages blanches et les dialogues nous apprennent tellement tout et rien que nous finissons presque par nous dire que finalement : « c'est une ado comme les autres, qui glande à la piscine ».