8/10Anatomie de l'éponge

/ Critique - écrit par iscarioth, le 21/09/2006
Notre verdict : 8/10 - Influences (Fiche technique)

Tags : guillaume eponge eponges comics auteur anatomie jeunesse

L'anatomie de l'éponge est un véritable tour d'acrobate. Tout en énumérant ses influences et en racontant les moments incongrus de sa vie sur un ton déchaîné, Guillaume Long passe d'un style à l'autre, en même pas deux cases.

L'éponge, qui absorbe le liquide dans lequel elle est plongée... Guillaume Long est l'un de ces dessinateurs témoins de son temps. Il se nourrit de ce que l'on appelle la nouvelle vague bande dessinée franco-belge, tout en y prenant part.

« Heureusement que personne me voit »

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Fervent amateur de Lewis Trondheim (qu'il appelle dans son livre « Luis Troën »), c'est dans un style très familier que Guillaume Long, cent quarante pages du long, nous détaille son univers, sur un ton humoristico-déjanté à peine romancé. Eh oui ! De l'autobiographique, toujours de l'autobiographique ! Lelong explique toute l'influence qu'ont eu des auteurs comme Dumontheuil, Trondheim, Zep, Binet, Quino, David B., Blain, Sfar ou encore Blanquet sur son évolution graphique (Not
Blutch). Il est surprenant de voir que Joe Matt n'est pas cité alors que Guillaume Long se situe dans la droite lignée de l'héritage laissé par l'américain. Le concept est simple : se foutre à poil. Guillaume Long nous explique sa passion d'enfance pour les jupes, ses hontes adolescentes et ses mésaventures de dessinateur, le tout sur plusieurs chapitres formant de petites histoires. Chacune de ses petites hontes personnelles rapportées est conclue par un petit « Heureusement que personne me voit ». Dans l'esprit et les thèmes abordés (la mise en scène de soi même dessinateur, l'évocation d'une enfance timorée et honteuse), Guillaume Long fait penser à Riad Sattouf. Ses planches se font toutefois plus déjantées, rappelant aussi Relom (Andy et Gina).

« Luis Troën !!! »

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On n'aurait pas fini d'énumérer les références qui nous viennent à la lecture d'Anatomie de l'éponge. Et c'est normal, puisque Guillaume Long, comme expliqué en introduction, joue sur la multiplicité des influences et des styles. Le temps d'une histoire (La mouche 2), il s'essaye au monochrome brutal, genre nuit orageuse, pour mimer de manière comique une ambiance de terreur. Sur certaines planches, Long griffonne, hachure beaucoup, crée des histoires frénétiques et gribouillées (Second meeting with Luis Troën). Sur d'autres réalisations, Guillaume Long abandonne complètement le travail au trait et génère les nuances par une coloration de gris (La mouche) ou par le crayonné (You dig). Un style polymorphe qui se constate aussi dans la représentation des visages. Guillaume Long va de Sfar à Dave Cooper en passant par Chester Brown (pages 32-33). Le plus surprenant, c'est que cette compilation de styles, de techniques, de clins d'oeil, ne tourne jamais à l'indigeste. La cohérence de l'album, qui enchaîne les petites histoires, est soutenue par le caractère de l'auteur et sa capacité à se mettre en scène sur un comique déjanté, un humour de looser qui s'assume.


L'anatomie de l'éponge est un véritable tour d'acrobate. Tout en énumérant ses influences et en racontant les moments incongrus de sa vie sur un ton déchaîné, Guillaume Long passe d'un style à l'autre, en même pas deux cases. Le résultat est, plus que digeste, savoureux.