5.5/10L'Amour Cash

/ Critique - écrit par riffhifi, le 30/01/2008
Notre verdict : 5.5/10 - L’amour cache toujours quelque chose (Fiche technique)

Adaptation par Tonino Benacquista d'une de ses propres nouvelles, L'amour cash ne justifie pas réellement une telle opération. Reste une histoire gentillettement cynique. Et non l'inverse.

A l'origine, il y a une nouvelle de Tonino Benacquista intitulée Si par un jour d'été un sédentaire parue dans le recueil Tout à l'ego. Puis il y a cette adaptation en bande dessinée pour la collection Long courrier de Dargaud, scénarisée par Benacquista lui-même, qui n'est pas étranger à l'exercice puisqu'il s'y est plusieurs fois attelé, notamment pour le très bon L'outremangeur (adapté depuis au cinéma avec Eric Cantona dans le rôle principal).

Vous connaissez la Belle et la Bête ? La Bergère et le Prince ? Voici venu le temps des contes modernes, nous vous présentons aujourd'hui La Pute et le Paparazzo. On ne s'étendra pas sur le fait que le mot paparazzo soit un néologisme barbare (Paparazzi est à l'origine le nom du personnage de Marcello Mastroianni dans La dolce vita), mais on précisera que cette dame et ce monsieur, Angéla et Marco, décident d'exercer leurs métiers conjointement, la première fournissant au deuxième le sujet de ses photos. Une idylle est-elle possible entre ces deux-là, malgré le cynisme initial de leur relation ?


Dans les deux protagonistes, on retrouve la quintessence des clichés associés à leur nom et à leur fonction ; d'un côté Angela, la pute blonde angélique (paradoxe usé), à la présence réconfortante et à la sexualité assumée et libérée (quelques plans érotiques mais pas trop), de l'autre Marco, paparazzo (grr) au patronyme italien, au tempérament sanguin garni d'un fond de machisme, indépendant et vénal mais au cœur à prendre. Leur rencontre doit beaucoup au destin, qui s'acharne à les mettre sur la même route, au point qu'ils finissent pas choisir de la partager, à moins que non, etc. Les ficelles de la comédie romantique s'emmêlent un peu dans celles de la comédie sociale (alalah, les « gens normaux », quelle plaie), et l'évolution du récit est trop méchamment téléguidée pour empêcher le bâillement du lecteur qui en a lu d'autres.

Le dessin de Philippe Bertrand, à peu près aussi paresseux que l'écriture de Benacquista, se contente lui aussi du minimum : un trait qui se borne à illustrer sans grande conviction le récit, en conférant aux personnages juste ce qu'il faut d'expressivité pour les rendre convaincants. Pas vraiment attachants, mais convaincants.

Sans nier qu'elles se lisent sans déplaisir, y avait-il réellement matière à tirer 60 pages de cette bluette sans conséquence ? Faut-il voir dans cet album un quelconque discours sur notre société et la nature douteuse des motivations de chacun dans un couple ? Toujours est-il que de bien plus grandes réussites attendent le lecteur au rayon bandes dessinées de son libraire le plus proche.