8/10Amorostasia ou la maladie de l'amour

/ Critique - écrit par plienard, le 28/08/2013
Notre verdict : 8/10 - Maladie de l’amour (Fiche technique)

Tags : bonin amour cyril amorostasia maladie amoureux tome

Une histoire d’amour, belle et originale, qui vous donnera envie d’en vivre une ou de prolonger la votre.

L’amorostasie, qu’est-ce qu’il se cache derrière ce nom improbable et pratiquement imprononçable ? C’est le nouvel album de Cyril Bonin aux éditions Futuropolis. Il en est à son troisième album chez ce même éditeur après La belle image et L’homme qui n’existait pas et qui parle d’une maladie amoureuse qui figerait les gens dans un état cataleptique ou catatonique. Et loin d’être anodine, cette maladie se propage telle une épidémie. Tout d’abord à Paris, avant de gagner peu à peu la province et le monde. La communauté scientifique avoue son impuissance devant cette maladie, les journalistes enquêtent et en particulier Olga Politoff.


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Cyril Bonin signe un superbe album sur l’amour, et comme il le souligne dans sa préface, sur les femmes. Dans ce livre, l’amour est traité comme une maladie qui va devenir honteuse tant elle va faire peur. Imaginez qu’au détour d’un simple regard, vous restiez figé ! Les rapports homme-femme, disons plutôt entre êtres qui s’aiment, s’en trouvent bouleversés. Et les femmes en sont les premières victimes, mais pas forcément de la maladie. Elles sont discriminées, accusées de séduction. Elles deviennent les parfaites bouc-émissaires.

Si tout cela semble rude, voire violent, il se dégage de l’album une douceur enivrante. Le dessin de Cyril Bonin n’est pas étranger à ce sentiment. Un dessin en noir et blanc, d’une douceur infinie avec sa palette de gris. Les personnages, aussi, apportent le calme de ce récit. À l'exception de la scène à la gare de Lyon où les gens frisent l’hystérie collective et deviennent schizophrènes, le personnage d’Olga, par exemple est très attachant. La maladie qui touche les amoureux fait apparaître une blessure dont elle n’avait pas conscience. Sans cesse à la recherche de la vérité – c’est son métier de journaliste qui veut ça – cette maladie va lui permettre de faire le point sur son couple. Et les personnages secondaires ne sont pas moins intéressants. Son vieux voisin de palier, M Rozier si sympathique ! Son petit-ami à la recherche d’un boulot ou encore le voleur de bijoux qui la sauve de l’émeute de la gare de Lyon. Un beau panel de personnage qui vient enrichir l’histoire.

À la fin de la lecture, vous êtes apaisés. Et vous avez envie de (re-)devenir amoureux. Et si vous l’êtes déjà, courrez embrasser votre dulciné(e), regardez-vous dans les yeux et secrètement vous espérerez que l’amorostasie vous fige pour l’éternité. Une chose est sure, cet album va rester figé un moment dans notre esprit.


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