8/10Aimé Lacapelle

/ Critique - écrit par Maixent, le 17/08/2010
Notre verdict : 8/10 - Macarel (Fiche technique)

Tags : lacapelle ferri jean yves tome humour livres

Un bon classique des éditions Fluide à relire encore et encore. Un univers pittoresque dont on ne se lasse pas...  

Critique consciencieux voulant s'essayer au gonzo, j'ai été dépêché par Krinein dans le Tarn afin de mieux appréhender la réalité du monde dans lequel évolue Aimé Lacapelle. Cependant, malgré mes efforts, il m'a été impossible de localiser la commune de Saint Léon sur Cérou, qui plus est, j'ai pris à droite à Mazamet et me suis retrouvé dans un patelin improbable au cœur de la Montagne Noire à écouter une walkyrie en buvant de la vodka à 5h du matin. Mais cela est une autre histoire. Toujours est-il que je n'ai pas pu pratiquer la pêche à la truite sur le Cérou, ni même découvert Saint Michel de Léon, près de Castres. On peut le dire, ce reportage sur le vif est un échec cuisant.
En conclusion, le village d'Aimé Lacapelle c'est comme celui des Schtroumpfs,
on se contentera de le découvrir en bd et ce sera donc une critique classique et non pas un reportage sur le terrain, une immersion complète dans ce monde fabuleux qu'est le Tarn.

L'action se situe donc dans le Tarn où nous suivons notre héros, Aimé, agriculteur mais aussi agent du BIT (Bureau d'Investigation Tarnais), dont la devise est : « Je veille aux grains ». Au fil des aventures, dans un style toujours décalé et avec une bienveillance certaine envers ces "bouseux" sympathiques, Ferri réussit à transcender un sujet apparemment anodin et sans intérêt et à le transformer en fables rurales poétiques et drôles. On est bien loin d'émissions racoleuses comme L'Amour est dans le pré, faites pour se moquer des paysans, on n'est pas dans plus dans du Giono ou du Sand avec une vision chiante et/ou mièvre de la campagne. Non, grâce à Ferri, le Tarn est un endroit vivant, peuplé de personnes pleines d'entrain et de bon sens, qui, si elles ont parfois des mœurs obscures, n'en restent pas moins attachantes.
Mémé Lacapelle & Co
Mémé Lacapelle & Co
Le trait de Ferri, plein de rondeurs et de mouvements donne une impression de danse ivre (sans doute un excès de vin de noix fabrication maison) à tout son dessin et lui confère par là même une certaine bonhomie qui est, à mon sens, un peu gâtée par le passage à la couleur dans le dernier album.
Ces albums présentent une galerie de personnages attachants et drôles, que ce soient des animaux fabuleux comme les enflubes, des passereaux dragueurs d'hirondelles, un Général de Gaulle volage, Clita et Pépa nues dans la mousse, ou encore Mémé Lacapelle, spécialiste en tripoux et patates rondes.

Mettant en scène des situations rocambolesques et absurdes où se mêlent Le gag du siècle
Le gag du siècle
fantastique du terroir dans un style Maupassant et réalité moderne comme le danger des OGM, Ferri réussit là une fable paysanne de qualité, entre rire, tendresse et dénonciations des travers de la société contemporaine.
A titre personnel, impossible de se lasser des conversations entre poules ou passereaux en mal de romantisme.
Un classique Fluide Glacial à conserver.