Je n'ai jamais connu la guerre

La jolie collection KSTR de Casterman s’enrichit d’un nouvel album signé Joseph Safieddine et Maud Begon. Le premier a à son actif un premier album aux éditions Steinkis avec Xavier Jimenez, Les lumières de Tyr et la seconde a déjà subit l’épreuve de nos critiques avec Antigone chez Manolosanctis. Les deux auteurs ont aussi participé à l’aventure Les autres gens avec Thomas Cadène et éditée en ce moment chez Dupuis.

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Darius Chatawi est le patron d’une boîte qui vend du rêve. Et l’expression n’a rien d’imagé. Avec les nouvelles techniques et les nouveaux produits, il peut nous fabriquer nos rêves. Un saut en parachute à poil en compagnie de filles dénudées aux seins proéminents ? Un voyage en amoureux à Venise ? Tout est possible. Et c’est avec une certaine surprise qu’il retrouve une ancienne liaison, Cerise, qui vient lui demander de lui fabriquer un rêve sur mesure.

En jouant avec les rêves et les souvenirs, l’auteur Joseph Safieddine joue en même temps avec le lecteur et le promène entre réalité et fiction au point qu’il ne sait plus trop où il en est. Le dessin de Maud Begon joue aussi avec mais laisse quelques clés salvatrices au lecteur pour ne pas le perdre totalement et rendre le sujet lisible, notamment avec des couleurs plus vives et plus joyeuses (il est rare de demander des rêves tristes !).

Cette histoire de retrouvailles entre deux anciens amants est assez émouvante car on ressent une réelle émotion entre les deux personnages, symbolisée par l’excès de bonne humeur et de paroles de Darius et les rougissements ou les attitudes faussement gênées de Cerise. Et derrière tout cela se cachent des secrets que l’on découvre au fil des pages de façon ponctuelle avec un final étonnant dans ses révélations.

Mais à mon sens, l’album ne dégage sa réelle valeur et sa réelle émotion qu’au cours d’une seconde lecture car à ce moment vous comprenez mieux les sens cachés de certains chapitres. À lire en deux fois, donc.

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