5/10Les Ados Laura et Ludo - Tome 1

/ Critique - écrit par iscarioth, le 23/05/2006
Notre verdict : 5/10 - Jeunesse méconnue, portrait incongru (Fiche technique)

Amateurs de Cestac, mieux vaut pour vous relire une nouvelle fois Le démon de midi que d'investir dans cet album.

Un ado, ça râle, ça mange n'importe comment, ça s'habille de façon farfelue, ça reste scotché à son portable ou à sa console... Oui, tout cela, Florence Cestac nous en parle très bien. Mais un adolescent, ce n'est pas que ça. L'adolescence, c'est aussi le moment où l'on se construit en tant qu'individu, en tant qu'être pensant. C'est une période fondatrice et pas seulement un passage ingrat de l'enfance vers l'âge adulte.

Ce premier album sur le sujet de Florence Cestac est sympathique, mais pas vraiment pertinent dans le discours qu'il tient sur cette période charnière de la vie. Avec Les ados, Cestac critique plus des petites manies, un comportement caractéristique qu'elle ne délivre un réel portrait. Riad Sattouf, avec sa BD reportage Retour au collège, sur le même sujet de l'adolescence, s'est montré bien plus analytique et profond, en démontrant toute une hiérarchisation sociale entre les adolescents. En comparaison, l'album de Cestac se situe complètement en dehors des réalités. La dessinatrice se montre plus douée pour la caricature et le gag que pour l'observation et le portrait. L'image que l'on donne des adolescents n'est pas réactionnaire pour autant. Cestac se moque presque autant des parents que des enfants et souligne bien un certain sens des responsabilité et de la citoyenneté chez Laura et Ludo. Par contre, certaines planches font preuve d'un moralisme très malvenu (le discours sur la cigarette, page 23 du tome 1).

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L'album reprend une série de gags en une planche parus dans l'hebdomadaire Le monde des ados. Difficile de construire quelque chose de solide sur un sujet aussi casse-gueule avec pour base cette formule peu propice à l'élaboration d'un contenu. Les gags tournent donc autour de choses un peu clichées et les chutes sont souvent loin d'être hilarantes. Pour ce qui est du dessin, le style de Cestac est assez peu approprié à l'exercice. La dessinatrice a dû faire un effort pour renouveler les codes vestimentaires de ses personnages, ses derniers albums commençant un peu à sentir le vieillot à ce niveau. Les planches de Cestac sont très peu détaillées, avec des traits forts épais, ce qui est plutôt un handicap sur un projet comme celui-ci, le plaisir étant souvent amené par le sens du détail de l'auteur.


L'adolescence est une période de la vie riche et complexe. Sur ce thème, l'album de Cestac ne va pas très loin dans l'analyse et se cantonne à des gags basiques. Laura et Ludo ressemble à n'importe quel autre travail de commande sur le thème. Amateurs de Cestac, mieux vaut pour vous relire une nouvelle fois Le démon de midi que d'investir dans cet album.